La bataille de l'eau lourde

Ah, par temps de canicule, c'est vachement agréable de regarder un film comme "les héros de Télémark". C'est rafraichissant …

Il s'agit du dernier film d'Anthony Mann réalisé en 1965 à qui l'on doit quelques-uns des plus beaux westerns comme "Winchester 73" ou encore "L'homme de la plaine" et de beaux péplums comme "la chute de l'empire romain".

Là, c'est autre chose, c'est l'histoire de "la bataille de l'eau lourde" qui consista à empêcher par tous les moyens les nazis de mettre en œuvre une bombe atomique qui eût changé définitivement le sort de la 2ème guerre mondiale. Le terrain de jeux était la Norvège qui était le seul (un des seuls ?) pays à disposer d'une usine de fabrication de cette eau lourde, produit indispensable (à l'époque) pour maîtriser la fabrication de la bombe atomique.

Le film est donc une évocation romancée de cette bataille. Il existe un film de Jean Dreville datant de 1948 sur le même sujet qui s'apparente presque plus à un documentaire. Le film de Mann fait, lui, clairement dans le spectaculaire avec une héroïsation de bon aloi pour un film de guerre avec les débats (entre résistants) qui vont bien sur les risques collatéraux des différentes actions commando. Et le film de Mann que j'ai vu à de nombreuses reprises résiste bien au temps et fonctionne bien en termes de suspense.

Le casting réunit de très bons acteurs comme Kirk Douglas, Ulla Jacobsen, Richard Harris et Michael Redgrave qui jouent bien leur partition.

Non, le reproche que je ferais à ce film est au niveau du scénario qui frise l'incohérence ou l'invraisemblable à propos du personnage que joue Kirk Douglas.

En effet, les connaissances du professeur d'université Rolf Pedersen sont indispensables au film pour apprécier les risques et enjeux liés à cette usine de fabrication d'eau lourde. Les gens extérieurs ou non impliqués dans ce type d'activité ne peuvent avoir les connaissances suffisantes. Je suis d'accord. Même s'il pratique de nombreux "travaux pratiques" dans les chambres noires de l'université avec ses étudiantes, il reste quand même un intello. Qu'on le transporte en Angleterre pour confronter son savoir avec celui d'autres savants comme Einstein ou Oppenheimer de façon à contribuer à bâtir une stratégie des Alliés sur le sujet, je suis encore d'accord. Mais que ce même prof d'université; même pas impliqué dans la résistance, à peine sorti de ses grimoires (et du lit avec ses étudiantes) joue, tout seul, à éloigner une mine du bateau avec une perche ou encore qu'il prenne le lead des actions commando ultérieures, alors là, je dis : halte … C'est limite pas crédible. C'est un peu dommage que le scénario n'ait pas été un peu plus fouillé. Evidemment, il est plus vendeur que Kirk Douglas soit le héros du film supplantant tous les autres. Je pense que le film aurait eu une autre allure si Kirk Douglas avait été l'homme d'action (rôle de Richard Harris en fait) en s'appuyant sur les connaissances d'un universitaire (un acteur différent) même si ce dernier participe à l'action, forcément en 2ème ligne.

Pour finir, malgré mes réticences, c'est un bon film, efficace au niveau des actions, somptueux au niveau des images de paysages enneigés …