Les mains qui tuent est le premier film noir hollywoodien de Robert Siodmak. L’influence d’Hitchcock est omniprésente ne serait-ce que pour le thème d’une course contre la montre pour sauver un homme qui, accusé à tort, va être exécuté. Mais aussi avec le personnage de l’assassin, grand malade paranoïaque incapable de dominer ses pulsions.
Cela n’empêche pas Robert Siodmack de réaliser un film très personnel qui porte sa marque. Ce qui intéresse Siodmack ce n’est pas l’intrigue policière et il a toujours clairement dit qu’il recherchait dans ses films une atmosphère, des personnages avec des motivations et du caractère. Ici, nous savons qui est l’assassin dès sa première apparition ! Le trait de génie est que cet assassin, meilleur ami du faux coupable, feint d’aider la jeune femme qui fait tout pour l’innocenter et l’accompagne dans toutes ses recherches ! Cela crée une atmosphère de tension constante du fait de cette menace parfaitement connue par le spectateur.
La photo noir et blanc est absolument remarquable et retrouve l’atmosphère crépusculaire de ses premiers films réalisés en Allemagne.
Enfin, le film est intéressant par l’importance accordée aux personnages féminins. Jack Marlow (Franchot Tone), le faux coupable, est un faible, un personnage sans aucune épaisseur, et qui se résigne à son sort. Et ce sort dépend alors uniquement des femmes, de l’inconnue rencontrée dans un bar (Fay Helm) et qui pourrait lui servir d’alibi, et surtout de sa secrétaire (Ella Raines) qui fait tout le travail de recherche et ne cesse d’harceler les témoins pour qu’ils finissent par dire la vérité.