Au début, j'ai eu peur. Un bon moment, même. Certes il y avait un beau noir et blanc, une belle photo, Jacques Audiard sait filmer, exploiter un décor, un quartier, un arrondissement. Mais que tout ceci me paraissait vain, longuet, ennuyeux. J'étais même surpris de voir un tel réalisateur se complaire dans un récit très superficiel, donnant l'impression de ne s'adresser qu'à une catégorie très précise de spectateurs.
Et puis, lentement mais sûrement, l'auteur de « Sur mes lèvres » se recentre. En prenant connaissance de tous les personnages, de leurs parcours et surtout en les voyant se croiser, se connaître, s'aimer, se rejeter, l'œuvre finit par prendre toute son ampleur, tout son sens, portée par la musique planante de Rone. Tout est juste, plus fort, plus émouvant : les scènes, les enjeux, les dialogues... Même si cela arrive un peu tard pour compenser l'ennui provoqué initialement, j'ai fini par être vraiment séduit par ces protagonistes finalement assez complexes, auxquels on croit, certes parfois agaçants (mais qui ne l'est jamais?), mais dont les interrogations, les doutes résonnent sur nous avec beaucoup de justesse.
Cela est aussi dû aux talents des comédiens : le « quatuor » Lucie Zhang - Makita Samba - Noémie Merlant - Jehnny Beth est formidable, avec un faible pour la première, petite bombe de charisme et de sensualité. Bref, pour un film qui n'avait pas franchement su me mettre dans les meilleures dispositions, j'en suis sorti assez séduit, un peu déçu de ne pas avoir eu le même ressenti 105 minutes durant, mais content de terminer sur une bonne impression : pas le meilleur titre de son auteur, certes, mais ces « Olympiades » restent des plus visitables.