Ce n'est pas dans une réalisation banale, sans véritable once de créativité, pour ne pas dire téléfilmesque, ni dans une BO sans originalité, ni dans une structure scénaristique générale somme toute prévisible qu'il faut rechercher un véritable intérêt à ces Petites Victoires, quelque chose qui se distingue, mais plutôt dans sa toile de fond, dans ses comédiens (en particulier son duo d'acteurs principaux !) et dans ses personnages.
La toile de fond est celle du quotidien d'une maire d'une petite commune rurale, comme il y en a des milliers en France, livrée à elle-même pour ce qui est d'exercer ses fonctions d'édile, devant faire face à une désertification irréversible, aussi bien pour ce qui est des habitants que des commerces ainsi que des services. Comme la plupart des autres maires de petites communes, en dehors des retraités, notre protagoniste a une autre profession, à savoir institutrice. Oui, diriger une municipalité de village plus travailler dans l'Education nationale, c'est évoluer dans deux enfers. Donc, on est en plein réalisme quand on présente notre personnage au bord du burn-out. Eh oui, malheureusement, pour ce type de serviteur de l'État, ça n'a rien de fictionnel.
Dans la peau de ce personnage, Julia Piaton prouve qu'elle a tout ce qui faut de talent et de charisme pour endosser un premier rôle. Et aussi tout ce qu'il faut pour être à la hauteur de son partenaire, Michel Blanc.
Et, admirablement servi par ses interprètes, une bonne partie de la saveur d'ensemble se retrouve dans les interactions entre leurs deux personnages, semblant inévitablement dans un premier temps opposés sur le plan des personnalités, elle, dévouée et désintéressée, lui, bourru et sans-gêne. Évidemment, petit à petit, ils vont apprendre à se connaître, à s'estimer, à s'apprécier et à s’entraider. Et si ce schéma narratif, employé des milliards de fois, ne risque pas de provoquer une overdose de surprises, tout du moins, ce film a le mérite de faire évoluer les relations entre nos deux caractères d'une manière juste, ne paraissant pas forcée.
Ce qui a pour conséquence qu'on s'attache à ces deux êtres sympathiques, qu'on leur souhaite le meilleur du meilleur. Et même si le sujet ne manque pas de gravité, le ton de façade est celui de la légèreté. La vision de ce film n'en est que plus agréable.
Reste que je regrette que la romance entre le personnage de Michel Blanc et un amour du passé ne soit pas plus développée dans l'intrigue.
Et aussi que l'envie de voyage de la protagoniste, d'aller voir ailleurs qu'en Bretagne (oui, l'action se passe dans cette superbe région !), voire qu'en France, n'apparaisse qu'au tout dernier moment, comme ça, d'un coup, sans que cela ait été intégré bien avant pour ça puisse paraître couler de source. Il aurait été plus logique de juste la montrer vouloir prendre du repos (parce qu'elle est complètement rincée !), vouloir beaucoup plus de temps à consacrer à sa vie personnelle, à elle-même.
Passé ses défauts et ses quelques limites, Les Petites Victoires mérite qu'on l'apprécie, comme je l'ai déjà dit, pour sa toile de fond, ses deux comédiens principaux, les personnages qu'ils incarnent ainsi que la dynamique qui règne entre eux.