Découvrir Les Rues De Feu en 2022 est une bien étrange expérience.
En lieu et place d'un film d'action badass dont Walter Hill est devenu un fervent spécialiste depuis le milieu des années 1970, le cinéaste nous offre ici une différente facette de sa personnalité artistique. Saupoudrée de fantastique urbain et de romantisme, cette "fable rock'n'roll" nous plonge littéralement dans un univers fantasmatique où les années 1960 se mixent avec celles des années 1980 à base d'affrontements pour l'honneur et d'amour impossible.
Pourtant, l'histoire des Rues De Feu ressemble à celle de n'importe quel film d'action. Une célèbre chanteuse en mode Pat Benatar se voit kidnappée par une bande de motards et l'ex-petit ami de celle-ci, ancien soldat attifé comme Leonardo DiCaprio dans Titanic, débarque pour la sauver. Point.
Le schéma correspond certainement à tout ce qui a bercé l'adolescence de Walter Hill dans les 60's : héros mutique à la Clint Eastwood dans les westerns de Sergio Leone, musique rock signée par le fameux guitariste Ry Cooder (qui participa la même année à la BO de Paris, Texas, auréolé d'une Palme d'Or) et motards parés de blousons noirs. Le tout étant plongé dans un espace fantasmagorique tout droit sorti d'une BD, brocardant des vignette de comics en lieu et place de plans cinématographiques traditionnels. Une virtuosité originale certainement inspirée par les clips de l'époque diffusés en masse via MTV, comme le furent certains métrages tels que Footloose ou encore Flashdance. Sauf que Les Rues De Feu ne cherche en aucun cas à caresser le public dans le sens du poil comme les deux œuvres sus-citées, le soumettant ainsi à accepter l'entité d'un univers aussi déroutant que violent, voire aussi éthéré que romantique.
Dans le rôle de la starlette, Diane Lane est tout simplement divine. Amoureuse de son sauveur depuis des lustres mais tenaillée par une perpétuelle pulsion carriériste, son incandescente fraîcheur crève l'écran à chacune de ses apparitions et efface un tant soit peu celles du beau gosse Michael Paré, pas toujours à l'aise dans le rôle du bad guy au cœur tendre. Le vrai bad guy de l'histoire est ici incarné à merveille par Willem Dafoe, bien que ridiculisé par ses tenues en simili-cuir qui ont plutôt mal vieillies. Mais peu importe, le décor est planté et les personnages y déambulent en moto comme dans un western urbain, fin prêts à taquiner de la gâchette. Un mélange des genres qui offre un vrai divertissement de série B.
Merci, Mr. Hill.