Après l'excellente (libre) adaptation de macbeth avec le chateau de l'araignée et la déceptive des Bas fonds de Maxime Gorki (trop proche du matériau d'origine, trop théatral pour moi), Kurosawa récidive avec Hamlet de Shakespeare en l'adaptant très librement.
J'aime particulièrement ses films sociaux. Ils ont souvent été précurseur de l'époque ("Un merveilleux dimanche" etait le premier film parlant du japon d'après guerre, "Vivre avec la peur" premier a parler de la menace atomique et celui ci de la corruption au japon) mais surtout pour sa capacité a saisir l'air du temps sans être manichéen. D'ailleurs son refus de faire des champs contrechamps le prouve (il en fait très peu d'une manière générale). La confrontation des personnages se fait systématiquement dans une sorte de ballet où plusieurs personnages discutent et gravitent dans le même plan. et c'est leur place dans celui-ci qui détermine l'influence des protaganistes. l'exemple le plus évident est lorsque le personnage de Toshiro mifune (et oui! encore lui!) a un dilemne moral. Il se trouve au centre du premier plan, et deux autres personnages sont en arriere plan et chacun d'un coté. l'un lui dit des choses positives, l'autres négatives. l'ange et le démon.
Encore une fois Kurosawa change de style et de rythme au fil du film. on en notera deux. Le début (qui a été une source d'inspiration pour le Parrain de l'aveu de Coppola) est tres théatral ne dénotant pas avec ce qui s'y passe (la réception après la cérémonie du mariage) puisque les japonais ont une coutume très protocolaire permettant de présenter les personnages et grace aux journalistes présents de savoir l'envers du décor. d'ailleurs l'un d'eux conclura:"ce n'est que la fin du premier acte!". et ensuite le film va de plus en plus vers le film noir. Le travail sur le noir et blanc devient plus contrasté et les scènes deviennent progressivement que des scènes de nuit.
Encore une fois parlons de Toshiro Mifune (ça devient lassant), il élargit encore son jeu. Il est tout en retenu, en haine contenu. Il traduit à la perfection l'ambivalence de son personnage, un immense acteur. D'ailleurs l'ambivalence est dans quasiment tous les personnages portant l'histoire. Et je dirais même qu'elle existe grace au personnage de Kyoko Kagawa. Le père (vice president corrompu), le frere (vivant au crochet du père) et le mari nishi (toshiro mifune) révélent leur part d'amour et d'humanité à son contact.
Décidément Kurosawa ne cessera jamais de m'étonner. Tout en gardant son style propre, il sait toujours s'adapter aux genres ou aux thèmes choisis avec une inventivité de tous les instants. Un de ses meilleurs films sociaux.
Et un chef d'oeuvre de plus /20