Du roman initial d'Albert Simonin "Grisbi or not grisbi", Lautner, Simonin lui-même et Audiard n'ont repris que les fondements à savoir l'agonie de Louis le Mexicain (Fernand le Mexicain dans le film) qui lègue ses affaires à Max le Menteur (Fernand dans le film) au détriment des frères Volfoni qui vont entrer en guerre ouverte avec Max, le nouveau taulier.
Lautner, Simonin et Audiard ont bâti un scénario plus complexe faisant apparaître toute une galerie de personnages pittoresques pour faire un film qui devient une parodie de film noir. D'ailleurs le détail de l'intrigue passe au second plan pour insister plutôt sur les personnages eux-mêmes et les numéros d'acteurs.
Le film eut un succès très important dès sa sortie, succès qui s'est transmis de génération en génération jusqu'à aujourd'hui. La recette de ce succès repose en grande partie par le ton désinvolte du film et des dialogues qui sont la marque de fabrique de Michel Audiard dont les répliques à l'emporte pièce et percutantes entreront presque dans le langage courant. Et ces répliques sont d'autant plus efficaces qu'elles sont prononcées par des acteurs choisis avec grand soin.
En effet, les acteurs principaux choisis, Ventura, Blier, Blanche, Dalban , Rich ou encore Horst Frank sont tellement différents, à la limite stéréotypés, que leur association parait contre nature et conduit inévitablement à des effets comiques.
La mise en scène de Lautner est assez soignée pour permettre aux différents acteurs de pouvoir faire leurs numéros. Un bon exemple est la scène du bowling ou les différents acteurs bougent et occupent l'espace. Chaque intervention des acteurs n'est pas mise en scène de façon anodine ; il y a toujours en arrière plan un ou deux acteurs pour approuver ou désapprouver ou simplement écouter de façon muette chaque intervention.
Il en est de même dans la confrontation Ventura -Rich dans l'appartement de ce dernier où les acteurs se déplacent au milieu des "instruments de musique concrète" en se balançant des répliques assassines. Mais on pourrait en citer bien d'autres.
Pour finir, n'oublions pas la musique du film les bruitages accompagnant les coups de poing de Ventura ou encore la chanson, vivifiante, qu'on garde longtemps dans l'oreille, de la boum organisée par Patricia.
Mais le plus marrant a été la distorsion de la critique des médias qui ont assassiné le film alors que le public en faisait un triomphe. Le film n'était pas conforme aux canons de la Nouvelle Vague !