Cette fois-ci, la mise en place déjà effectuée facilite les associations de personnages.
Nul doute qu'Eva Green est en surbrillance, mais le partage à l'écran s'équilibre entre les acteurs/actrices. Nous voyons un peu plus le Cardinal de Richelieu, même si j'ai encore du mal avec sa voix et son côté trop sympatoche. J'aurais préféré un diable au ton rauque, ou bien un rôle similaire au Shérif de Nottingham dans les Robin des Bois. La réalisation de Martin Bourboulon s'efforce tout de même d'élargir ses horizons avec un opus maritime et ne s'arrête pas à des dialogues de châteaux.
On en oublie presque D'Artagnan, relégué tel un simple figurant d'une auberge. François Civil n'arrive pas à galvaniser suffisamment la scène. Il lui manque un costume, une silhouette plus élancée, une touche d'humour pour duper les gardes comme Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes. Et si l'œuvre est sérieuse, Civil a atteind ses limites. Il aurait été meilleur dans le rôle du bon ami du héros principal. Il lui reste tout de même son charisme sentimental, mais le scénario lui hotte Constance.
Les deux autres Mousquetaires, je les adorent eux aussi en tant qu'acteurs. Romain Duris et Vincent Cassel sont bons dans le théâtral, cependant peut-être trop vieux pour des personnages d'aventure. Une écriture plus saillante dans les combats aurait porté le film. Cette maudite caméra à l'épaule fait encore des siennes. Un recul de quelques pas pour des plans fixes détachés et des combats classiques à la Zorro auraient moins fatigué la rétine du spectateur, où malheureusement les quelques faux raccords et incohérences restent bien visibles dans les joutes.
Ce n'est pas l'attaque au large des bateaux anglais sur le fort, qui nous fera dire le contraire !
Il y a tout de même du positif, c'est la réponse indirecte au Napoléon saxon de Ridley Scott. Notre film se débrouille plutôt bien en crédibilité sur le fond et s'adjuge quelques mérites sur la forme avec ses batisses du patrimoine français. Le réalisateur n'abuse pas du numérique et ça fonctionne, notamment quand Louis Garrel entre en action en Louis XIII. L'ambiance atteint son paroxysme quand Garrel est là, on attend ses blagues et son regard solannel de roi. À l'inverse, Eva Green est moins impressionnante que dans le premier film, dans lequel elle s'articulait comme un caméléon à la pellicule. Là, le script force ses traits de visages .
Ce volet central est différent, mais comme tourné d'un trait avec le premier épisode, il reste assez linéaire dans le ressenti global. Bien qu'avec mers et forêts qui s'enchaînent à l'écran, le scénario a peut être même été victime de sa richesse et sa variété. On a aussi l'impression qu'il y a pleins de bonnes idées partout, sans jamais réussir à les finaliser. D'Artagnan est à remettre au cœur des débats et surtout encore plus de légèreté dans les dialogues aurait fonctionné à coups sûrs.