Si « Lincoln » n'est pas le plus mémorable des films de Steven Spielberg, l'entreprise est globalement réussi. Avec ce biopic (qui n'en est pas vraiment un, d'ailleurs), le réalisateur des « Dents de la mer » nous offre manifestement moins d'action qu'à l'accoutumée, compensée par une leçon d'Histoire américaine riche et instructive. Car si l'on connaissait seulement les grandes lignes de l'abolition de l'esclavage avant de rentrer dans la salle, on en sort quasiment incollable tant l'ami Steven nous propose un panorama complet des différentes forces en présence, ainsi que les différents arguments (souvent aberrants, cela va sans dire) qui ont rendu le débat parfois si violent.
Ce qui nous réserve plusieurs surprises (qui aurait imaginé les démocrates de l'époque aussi réactionnaires?) et de vrais beaux moments de cinéma, notamment lors du vote solennel, d'une intensité rare. Malheureusement, si le travail de Spielberg est souvent irréprochable (superbe travail sur la lumière et soin apporté aux décors (notamment intérieurs) remarquable), force est de reconnaître que le film traîne plusieurs fois en longueurs, tandis que quelques sous-intrigues sont d'un intérêt mineur (la relation du Président avec son fils, principalement).
Heureusement qu'un casting remarquable vient compenser ses faiblesses : mention spéciale à un Daniel Day-Lewis hors-concours des plus incroyables prestations de l'année, et à Tommy Lee Jones dans un superbe second rôle qui eût probablement mérité, lui aussi, un Oscar. Bref, si l'on ne peut nier certaines faiblesses, « Lincoln » n'en est pas moins un bel édifice dans l'immense carrière de son auteur : un bon film.