« Loin des Hommes » c'est la belle histoire d'une rencontre. Daru (Viggo Mortensen), instituteur, apprend à ses élèves de l'Atlas en Algérie à lire et à écrire. Il va, contre son gré, être responsable de Mohamed (Reda Kateb). Daru doit l’emmener vers sa mort et s'y refuse. D’emblée, le film donne le ton. Il est alors sans arrêt question de choix.
Sur fond de guerre d'Algérie et de tout ce qu'elle entraîne, « Loin des Hommes » pousse à réfléchir ses deux personnages à choisir leurs destins. A plusieurs reprises on demandera à Daru de choisir son camp. Lui qui n'est ni Algérien, ni Français. Lui qui vient d'ici et là. Il représente toute la difficulté que l'on peut éprouver dans la vie, la difficulté de trouver sa place dans un pays ou, plus largement, dans le monde. Le personnage a une phrase qui m'a beaucoup marqué et qui résume toute la situation : « Pour les Français on était des Arabes. Et maintenant pour les Arabes on est des Français. » Perte d'identité, de repères...
Si cette guerre, restait longtemps sans nom, n'en est qu'à ses débuts et résonnent au loin dans les grandes villes, elle résonne en nous dès le début. La guerre d'Algérie demeure un sujet tabou dans nos sociétés. J'ai été agréablement surprise de voir un film la traitant de cette manière. Sans en montrer la violence. Sans prendre parti. Sans entrer dans les détails. Elle est effleurée et pourtant elle est bien présente. On ne choisi jamais vraiment un camp. (spoiler) Malgré une scène violente qui m'a marqué... Cette scène où les soldats français abattent des hommes désarmés qui se rendaient à eux. Voilà la guerre que la France mène. Cette petite scène m'a mise en rage. (fin du spoiler)
Ces soldats, français et arabes, qui, pendant la seconde guerre mondiale ont combattus côte à côte, sont devenus camarades, amis... Les voilà qui, aujourd'hui, se déchirent, s'entre-tuent. Comment en est-on arrivé là ? C'est toute la question. Malheureusement, quand Daru prend conscience de cet état de fait il est trop tard. La guerre est là et est inévitable.
Daru va alors mener sa propre quête, son propre combat. Il va tout faire pour aider Mohamed a décider de son destin, à prendre sa vie en main. Mohamed qui se laisse porter par la loi du sang avant de réaliser qu'il a le choix. La vie est une question de choix.