Ce qui saute aux yeux avant même d'entrer dans la salle de cinéma, c'est l'aspect cahier des charges hollywoodien présent dans la communication et traduisant d’emblée un film mainstream, calibré pour l'été, calibré pour être exporté, calibré pour exulter.
De ce point de vue, l'usine à rêve réussit son pari. Bien que le box officice semble faire grise mine à Lone Ranger, on ne peut reprocher à l'industrie du film d'avoir marié avec brio les ingrédients classiques du blockbuster. Tout y est, une moyenne d'explosions d'environ 15 minutes, quelques échanges de langues baveuses, un zeste d'humour, un univers far west jouant sur l'imaginaire collectif des spectateurs... Bref des costumes aux décors, la production n'a pas lésigné sur les moyens : « nous les avons [les trains] fabriqués [...] Rien ne vaut la réalité ».

Le spectateur ne sera pas déçu, le show est au rendez-vous... parfois même un peu trop ! Certaines séquences virent au ridicule, une barre en fer qui après une véritable chorégraphie de locomotives vient se planter dans le sol à 20 centimètres de nos héros, un cheval sur un train qui saute in-extrémist du haut d'un toit à un wagon avant une inévitable entrée dans un tunnel ou la chute sans aucune égratignure du haut d'un pont dans un tas de cailloux de l'indien … Que les actions soient burlesques c'est un choix de mise en scène respectable pour un film actuel mais que cela soit assumé jusqu'au bout dans l'humour. Quelques fois les séquences sont volontairements irréalistes et donc montrées avec humour et puis occasionnellement le film rebascule dans ces scènes sans logique ni humour : d'action et de pyrotechnie sans grand intérêt. Dommage.

Sur le plan du casting et de l'histoire, rien de très surprenant ni décevant. Je suis resté néanmoins interloqué par le choix de l'interprète de Tonto l'indien. Si le choix de faire intervenir Johnny Deep dans ce genre production semble logique, lui faire jouer un rôle d'indien qui évite la componction semble déjà plus contestable au vu de son physique.
Pour le reste, les acteurs sont efficaces et au service d'un scénario qui se laisse comprendre sans trop de complexité. Helena Bonham Carter fortement présente dans la communication du film reste néanmoins assez en retrait dans le film alors que son personnage donne une touche de féminisme dans l'univers phallocratique de ce western Disney.

Mais ce film dépasse tout de même le cadre du simple long-métrage/cahier des charges et c'est bien dans son aspect atypique que réside son réel intérêt.
Sa singularité, LoneRanger la doit à son réalisateur, Gore Verbinski, qui dépasse souvent et avec subtilité les règles du blockbuster pour y apporter sa touche et son regard. Avant même les images, la bande sonore de Hans Zimmer nous rappelle déjà le style et la réussite de leurs précédentes collaborations. S'ajoute à cela les divers artistes country, blues, folk et rock tel que Iggy Pop ou Ben Kweller qui donnent au film une sonorité aussi singulière que plaisante. Outre la musique, Verbinski, utilise une mise scène qui a fait son succès notamment avec l'humour des Pirates des Caraïbes portés par Johnny Deep ou l'ambiance far west déjà exploité dans le film d'animation Rango.
Le spectateur peut aussi déguster un panel de références [qui découle plus au moins de la liberté d'interprétation] aux grands noms du cinéma : qu'il s'agisse des cadrages très années 70 de John McCabe (Robert Altman – 1971), des séquences férovières burlesques à la mécano de la général (Buster Keaton – 1926) ou à l'univers des westerns anciens de Ford au plus moderne comme Impitoyable (Clint Eastwood – 1992) Verbinski s'amuse, ça se voit et ça s'apprécie.

Parfois un peu trop grotesque, par moment un peu trop calibré, par fois un peu trop long, par moments un peu trop surjoué, LoneRanger conjugue néanmoins avec une certaine finesse le blockbuster prévisible avec l'humour et le talent de ses protagonistes. Un film qui répond somme toute aux attentes de ses spectateurs : un joyeux show sur fond d'histoire de la construction d'un état, de l’instauration de lois et de progrès techniques. Un univers far west idéal pour les parcs Disney toujours plus remplis, toujours plus rentables !
Fennec91
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le 17 août 2013

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