Depardieu et Huppert sont des noms pleins de garanties... Hélas Pialat aussi, et moi qui ne connaissais pas... Vous m'excuserez, mais ce truc indéfinissable, au-delà de la spontanéité, qu'il produit en blocs, c'est insupportable. L'expérimental est respectable, mais il y a une limite après laquelle un film n'est plus un film ; à donner des non-dialogues à des non-acteurs autour d'un non-script, on aboutit inévitablement à une non-œuvre où tout sonne plus faux que nature. Ce n'est pas contradictoire avec le naturel du tournage, mais bien une conséquence de son surplus. La façon dont les protagonistes se coupent la parole pour débiter une centaine de minutes de banalités, qui seraient terrifiantes si l'on avait à retranscrire les répliques sur papier, est à des millénaires-lumière d'une vision réaliste, sans parler que la peur des acteurs d'avoir foutu en l'air les dialogues – bien mal à propos avec Pialat aux commandes – rend les lignes plates comme l'électrocardiogramme de la mort elle-même.
Certes, un truc naît vraiment qui rehausse le seuil de tolérance spectatoral, mais c'est à force d'intimité plutôt que de spontanéité, à se demander si c'était même volontaire. De plus, c'est une genèse qui prend du temps et qui n'en vaut pas la peine. On aura une pensée pour ce casting d'acteurs illustrement méconnus derrière les trois têtes d'affiche, dont il faut reconnaître qu'ils n'auraient pas pu produire ce rendu sans vivre corps et âme ce qui leur tenait de rôles, mais on n'aura non plus à se mettre sous la dent qu'un Depardieu ni bon ni mauvais – puisqu'on lui donne pas la place de jouer – tâchant de mettre un peu de franchouillardise dans l'ennui général et les relations entre les personnages n'ayant d'autre poids que leur valeur figurative et très très très vaguement critique d'une société de classes. Spoiler : c'est raté.
Quantième Art