En 1997, alors qu'il est auréolé du succès triomphal d'Evangelion et alors qu'il commence à réaliser Kare Kano, sa quatrième série animée, Hideaki Anno en a marre. Le fonctionnement du studio Gainax, les fans d'animé, les diffuseurs... tout l'insupporte au point de retomber en dépression et de démissionner pour ne plus jamais réaliser de série. Il retourne cependant rapidement au travail afin d'adapter avec Ryu Murakami son dernier roman, suite spirituelle de Tokyo Decadence.
Jamais un film ne m'auras mis autant physiquement dérangé lors de son visionnage. Hideaki Anno fait ce qu'il veut avec les images, ses caméras, la narration... sans aucun tabou et à la recherche de la meilleure façon de nous raconter à la façon dont il l'entends l’œuvre de Ryu Murakami et nous faire ressentir avec force l'égarement de ses héroïnes, leurs exutoires, la folie du monde des adultes...
Très vite on comprends que les parents ne sont que de grands enfants aussi perdus que leur progéniture que ce monde, que la consommation compulsive ne soulage qu'un temps la quête de sens permanente de nos héroïnes, que les hommes d'age moyen en costard-cravate sont un danger absolu. Pour autant la mécanique s’enclenche, la bande d'amies se prend au jeu des rencontres tarifée & le véritable personnage principal -notre malaise- ne fait que croitre sans jamais sembler vouloir s'arrêter.
Jamais les adultes ne semble en mesure d'offrir autre chose que leur propre impuissance, leur hypocrisie, et faire peu à peu comprendre (thème cher à Anno) que nous sommes seuls avec nos doutes à tenter de construire quelque-chose avec les autres.