Troisième et dernier opus de la franchise, Mad Max 3 avait la lourde tâche d'achever avec panache une saga déjà bien entamée. Le premier, classique mais sympathique, puis sa suite, l'immense Mad Max 2, avaient fini de faire de la licence une valeur sûre du cinéma d'action à grande vitesse. Désormais assisté de George Ogilvie à la réalisation, George Miller nous transporte trois ans après le précédent, aux côtés de Max, toujours, qui s'est fait chiper ses biens. A la recherche du voleur, sa route l’amène à Trocville, une cité du désert alimentée en énergie par de la merde de cochons (véridique). A première vue ça commence mal, Max Rockatansky enchaîne les blagues scato, est coiffé comme un jamaïcain, dépose tout son attirail d'armes comme un badass et se déplace à pied. Passé l'heure de film le constat devient plus général : où sont passés les routes, les voitures, les scènes d'actions ? Tout semble avoir disparu. Dès lors, on s'interroge : qu'es ce qui définit Mad Max ? Qu'es ce qui fait son succès, de quoi la franchise est-elle constituée ? On pense vitesse, on pense course de bolides, anti-héros torturé qui en prend plein la gueule, paysages apocalyptique, hors la loi dérangés, climat malsain, violence assumée, dystopie, on pense à tout ce qui fait l’ADN de cette saga mythique.
La réalité de ce troisième opus est tout autre, Max s'est mû en un héros mainstream qui n'a peur de rien et qui gagne toujours à la fin. Fini l'être tourmenté qui avait soif de vengeance, place à un banal tueur à gage qui se vend aux plus offrants, frappe les femmes et enchaîne les high kick. Désolation, se tournant grand public à visiblement édulcoré tout ce qui faisait l'attrait des métrages précédents, on passe du western crépusculaire à la série B d'aventure. Le changement est à nos frais, le spectacle est indigent, on pense à cette scène où Max, envoyé au Goulag (qui se révèle en fait n'être qu'un abandon dans le désert) après avoir combattu dans le dôme de tonnerre, tombe sur une communauté d'enfants perdus. Le rapport au reste du récit nous échappe complètement, même Mel Gibson semble se demander ce qu'il fait là. Le scénario, mièvre soupe amer, accouche d'un film soporifique qui n'a qu'un but : sanctifier son personnage principal. Les enfants le prennent pour un dieu, cet ancien flic solitaire n'est plus qu'un random héros de film d'action. Celle ci, justement, est inexistante, la bataille au sein du «Dôme de Tonnerre» face à un homme d'acier a des allures de bagarre de trapézistes bourrés, c'est risible. Le dôme en question d'ailleurs, vendu, par le titre, comme une architecture impressionnante, n'est en réalité qu'une vulgaire cage qui n'accouche que d'une scène, ratée, de dix minutes. Mais de qui se moque t-on ? Il faudra attendre les vingts dernières minutes pour, enfin, voir un peu d'action, en l’occurrence, ici, une série de buggys poursuivant un train. On retrouve, mieux vaut tard que jamais, un peu de l'essence originelle, mais, trop tard, le mal a déjà été fait.
Le succès de la franchise a en quelque sorte amorcé sa chute, incapable de surfer sur ce qui avait fait le succès des précédents George Miller sombre dans le mainstream le plus douteux et nous gratifie, après son chef d’œuvre précédent, d'un ignoble navet indigne de la série. "We Don't Need Another Hero" chante Tina Turner en guise de bande originale, "We didn't need another movie" a t-on envie de lui rétorquer. Too late.