Après avoir vu les trois films de la trilogie, je ne suis sûr que d'une chose, c'est que je n'avais vu que le deuxième opus et il y a fort longtemps.
Ce troisième volet a été réalisé en 1985 soit 4 ans après le deuxième. Et à nouveau, il change de registre. On est toujours dans une ère postapocalyptique mais les êtres humains tentent de se rassembler en des tribus de deux sortes.
L'une, Bartertown, tente de se raccrocher à un ancien modèle de société. On ne vole plus pour survivre mais on troque. On vit en autarcie en créant son énergie par la production de méthane à partir des lisiers de porcs. C'est une société matérialiste, autoritaire et esclavagiste dominée par un dictateur, Entity, qui est une femme, en rivalité avec le producteur d'énergie, Master, qui dispose d'un insupportable (pour Entity) contre-pouvoir puisqu'il est le seul à savoir produire de l'énergie indispensable à la cohésion de la tribu.
L'autre sorte de tribu est composée d'enfants menés par une femme Savannah, tous rescapés du crash d'un avion de ligne, dans l'attente du retour du pilote susceptible de réparer l'avion et les ramener à la civilisation. Ils sont réfugiés dans une sorte d'oasis au milieu du désert. Un petit paradis donc sans en avoir conscience puisque la tribu vit dans l'espoir du retour du pilote considéré comme un Messie. Des cérémonies tentent de reproduire le souvenir de la vie passée, à travers la foi du retour à une vie meilleure.
On voit donc que George Miller a développé ici une nouvelle approche assez manichéenne avec ces deux types de société naissante. Et notre Mel Gibson, l'ancien flic de Mad Max 1, erre toujours sur les routes après avoir détruit son fameux véhicule interceptor dans Mad Max 2. Ici il va passer d'un modèle de société à l'autre où il va être pris, sans surprise, pour le Messie…
On voit aussi deux manières de gérer le fonctionnement du film. Dans la première partie, la ville de Bartertown est en droite ligne l'héritière du monde violent qui a fait les succès des deux premiers Mad Max. Pas de pitié pour les faibles, une justice primaire où on fait s'affronter les plaignants sous un dôme dans un duel à mort "Two men enter, one man leaves", … Cerise sur le gâteau, le dictateur interprété par une Tina Turner dont on connait la fougue inusable de sa voix R&B. Ici, elle assure dans son rôle de "méchante".
Dans la deuxième partie, tout est beaucoup plus soft et il faudra attendre la scène de poursuite de la locomotive pour retrouver l'ambiance "Mad Max" en analogie avec la poursuite équivalente du camion-citerne.
Du côté de la musique, les deux génériques sont couverts par Tina Turner apportant un indéniable cachet et une bien belle introduction avec "We don't need another hero". Ce que je reprochais à la musique tonitruante dans Mad Max2 est habilement repris ici par une musique de Maurice Jarre beaucoup plus adaptée au film.
Pour conclure, j'ai beaucoup apprécié la vision optimiste de Georges Miller sur le devenir de la société. Du premier volet qui était le début de la dégringolade, au deuxième qui est une société sans foi ni loi, il imagine dans ce troisième opus deux options possibles pour l'humanité. Le film est donc nettement plus ambitieux que les deux précédents et j'ai trouvé sa démarche intéressante. Malheureusement, quelque chose me semble un peu inabouti dans cette société de gamins. Quelque chose de trop candide ou d'insuffisamment travaillé. Pas tant la société en elle-même d'ailleurs mais ce qu'elle va devenir en rejoignant Bartertown, le raccord avec Master qui est récupéré (pour en faire quoi ?), le pilote dont l'acteur Bruce Spense joue deux personnages différents dans Mad Max 2 et ici, …
Semaine prochaine : Mad Max Fury Road (2015) du même Georges Miller mais sans Mel Gibson …