A un (important) détail près, j'étais prêt à m'enthousiasmer pour ce cinquième long-métrage de Marc Fitoussi, tant celui-ci parvient à atteindre un équilibre remarquable et particulièrement délicat entre comédie et drame, douceur et amertume, récit d'apprentissage et regard sur le monde des grandes entreprises.
Et ce détail, c'est la durée, trop longue : Fitoussi ne choisit pas le format adapté à son histoire, et s'égare au-delà d'1H45, comme pour un film au scénario complexe, alors qu'un bon quart d'heure de moins s'imposait. Du coup, "Maman a tort" manque de rythme, et on ressent des longueurs.
Et c'est vraiment dommage, car le film est rempli de bonnes idées, à commencer par celle de scruter l'univers de l'entreprise par les yeux d'une adolescente, qui effectue son stage de troisième dans la compagnie d'assurances où travaille sa mère (Emilie Dequenne).
Le décalage induit permet de montrer les travers des adultes, entre petites mesquineries et grandes injustices, sans se départir d'une tonalité plus douce qu'amère, au moins dans la première moitié. La cruauté est bien présente, mais elle surgit par petites touches éparses, au sein d'un récit qui renonce assez vite à la vraisemblance, avec le consentement implicite du spectateur (voir la facilité avec laquelle Anouk peut mener son enquête au sein de la boîte).
D'ailleurs la photographie lumineuse et les tons chauds et colorés, en opposition avec la grisaille généralement associée au monde du travail, témoignent bien des intentions du réalisateur.
Les seconds rôles sont à cet égard formidables, parvenant à montrer la vacuité des uns et la médiocrité des autres, le tout dans un sourire.
On peut notamment souligner les prestations des impayables Camille Chamoux et Nelly Antignac, et du toujours très bon Jean-François Cayrey.
Par ailleurs, Marc Fitoussi semble doué pour faire émerger de jeunes visages prometteurs, que ce soit l'héroïne Jeanne Jestin, sa BFF Louvia Bachelier, ou encore son crush Joshua Mazé.
Après notamment "Copacabana" et "La ritournelle", le réalisateur français confirme une nouvelle fois ses talents d'observation et de direction d'acteur, toujours sur le fil ténu entre satire et émotion, parvenant à mêler habilement les tourments d'une relation mère-fille et la dénonciation des abus au sein d'une multinationale.