Ha les festivals...
Terre de découverte, de surprise comme de déceptions.
C'est Cannes, la quinzaine propose Mandy; film inconnu d'un anonyme. Peu de séances, pas d'affiche. A priori une séance bouche-trou auquel on ira pas...
Et pourtant, à défaut d’invitation sur les Yachts, on y a va
Malgré les frissons provoqués par un magistral prologue de King Crimson en 7.1 le film démarre mollement. Une introduction relativement lente et réellement chiante nous promet monts et merveilles. Des amoureux idylliques, un Nicolas Cage parachuté, un trip métaphysique, de beaux fonds d'écrans et cetera et cetera et cetera...
Malgré une photographie sublime et une playlist divine le film ne prend pas... Ca commence comme un film du Fresnoy sans quelconque divertissement. C'est prétentieux et superflu...
On se dit qu'on moins on aura fait une sieste avant la soirée
Et la BOUM ! Des Jésus cénobites débarquent et la gonzeuse meurt. Le héros veut se venger, Nicolas Cage est en slip et il est faché.
Un autre film débarque : un nanar esthétisant, un Mad-Max avec de l'auto-dérision.
Dès lors le film retourne son introduction. Le scénario tient dans le plat qui se mange froid, les répliques sont dignes d'un The Room, la direction artistique se permet tout. C'est baroque, c'est beau,c'est con. On prend le film en affection.
La salle applaudie les situations délirantes, ressasse déjà les nouvelles répliques. L'esprit s'émerveille devant une telle ébahissement
Dès lors la magie prend. Imaginez une situation -> Un Jésus cénobite meurt, vomissant son sang sur la bouche d'un Nicolas Cage défoncé à la coke de l'espace. Ridicule n'est ce pas ? Ajoutez y l'éclat de la photo, la lisibilité du découpage et l’auto-dérision du scenario et vous obtenez ce cocktail magique, cette pépite sortie de nulle part.
La séance est magique.Fatigué par des journées de projection, l'esprit ne sait plus si il est face à du lard ou du cochon, à du Sharknado ou du Neon Demon à du Wachowski ou du Argento.
Fils bâtard de la bêtise et du prétentieux, Mandy sait associer deux excès pour créer un équilibre. A la fois divertissant, expérimental et contemplatif, ce film est une expérience des plus surprenantes.