Tu ne vis point son p'tit manège, gare à ton ménage.
Film injustement tombé dans l'oubli, Manèges nous narre l'histoire de Dora (Simone Signoret), jeune, belle mais pauvre qui voit en Robert (Bernard Blier), propriétaire d'un manège équestre, le pigeon idéal, en attendant de trouver mieux, comprendre plus beau et surtout plus riche. Ce dernier se saigne aux quatre veines pour elle, jusqu'à en perdre son manège...
Le film démarre alors que Dora vient d'être victime d'un terrible accident. Robert se précipite à l'hôpital et, fou d'inquiétude, se remémore les temps forts de sa liaison avec la jeune-femme quand la mère de celle-ci (Jane Marken) déboule.
Dora, croyant sa fin proche demande à sa chère maman de raconter toute la vérité sur les motivations de son union avec le brave homme. Et qu'on ne passe pas outre les mensonges, moqueries, duperies et tromperies... Oh que non ! Dora souffre et elle ne veut pas être la seule.
Robert apprend alors de la bouche de sa belle-mère toute la sordide vérité, comment lui qui plaçait sa compagne sur un piédestal s'est fait mené en bateau comme un nigaud, on sent la peine et la colère se livrer farouchement bataille sous son crâne dégarni.
L'histoire, vue d'abord du point de vue de l'homme, puis de celui des deux femmes (excellente idée), est racontée via une succession de flashbacks, procédé astucieux mais pas toujours bien géré. Souvenirs tour à tour longs puis très courts, je retiens surtout une impression de fouillis qui m'a au début un peu gêné, mais elle s'estompe vite et c'est bien là le seul défaut du film, donc je ferais facilement comme si de rien n'était.
A côté de ça, le film est superbement porté par ses trois acteurs principaux.
Tout d'abord un Bernard Blier pathétique et amoureux, attachant et que l'on aurait envie de secouer, aussi.
Jane Marken incarne le personnage le plus détestable du film. Cette vieille mère maquerelle que l'on imagine parfaitement envoyer sa progéniture au tapin si un jour l'argent venait à manquer, malsaine et mauvaise comme c'n'est pas permis et au rire bruyant et insupportable. Jane Marken livre une prestation certes horripilante, mais remarquable.
Reste Simone Signoret. La grande Simone Signoret qui prouve s'il en est vraiment besoin qu'elle est l'une des plus grandes actrices françaises, enfin ce n'est que mon avis mais je le partage.
Ici elle se montre séduisante, détestable et cruelle mais en même temps, elle parvient à faire ressortir toute la subtilité de son personnage, femme coincée entre sa mère et son époque. Effectivement, quel autre moyen pour une femme d'alors qui souhaite s'élever dans l'échelle sociale que de faire un bon mariage ? Pour les sentiments on verra après. On aurait presque envie de lui pardonner un peu, de justifier son comportement, mais l'instant d'après elle fait montre à nouveau d'une méchanceté pas banale... Qui elle est difficilement excusable.
"Garce" qu'on l'appelle dans le film... Et je reconnais que cela lui sied à merveille.
Ne serait-ce que pour sa prestation, il faut voir ce film.
M'enfin si vous avez des doutes sur la sincérité de votre chère et tendre, attendez p't'être un peu...
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.