Le réalisateur israélien Rod Lurie est un fin connaisseur de la politique américaine, y consacrant plusieurs de ses films, sans compter son travail sur la série "Commander in chief".
Et clairement, il vaut mieux avoir de sérieuses notions en la matière pour apprécier "The contender", ou a minima être intéressé par le système politique US, la constitution américaine et ses subtilités.
En effet, il sera question dans ce film très bavard de la nomination d'une nouvelle Vice-Présidente (à la suite du décès de son prédécesseur), et de son passage devant un comité composé de parlementaires, qui vont la mettre sur le grill en fouillant son passé.
"The contender" s'intéresse donc à la place des femmes dans les plus hautes sphères du pouvoir, à travers diverses grandes notions telles que la probité, la loyauté, la responsabilité...
Il faut souligner que le film est sorti aux Etats-Unis en octobre 2000, en pleine campagne présidentielle (Al Gore VS George W Bush), prenant clairement parti pour les idées démocrates (droit à l'avortement, interdiction des armes en vente libre...). Egalement co-producteur, Gary Oldman se fait un plaisir d'incarner le "méchant" du film, un républicain complètement réactionnaire.
Histoire de divertir un minimum son audience, Rod Lurie (également scénariste) développe en parallèle une intrigue de thriller, avec machination partisane, manipulation des médias et mensonge d'état. Le récit se révèle complexe et ardu mais toujours crédible, sans tomber dans des excès qui ferait basculer "The contender" dans l'invraisemblance et la dénonciation facile.
On comprend d'autant moins le dernier acte du film, qui vient quelque peu saborder ces efforts méritoires : l'ambiguïté de la vice-présidente est soudain levée, la morale est sauve, et les gentils peuvent se congratuler lors d'un discours final du Président célébrant la démocratie américaine sur une musique pompière. Comment perdre un point dans ma notation...
On préférera retenir la prestation remarquable de l'ensemble du casting, aussi bien les têtes d'affiche (Joan Allen, Gary Oldman, Christian Slater, Jeff Bridges - excellent en POTUS à la cool) que les très nombreux seconds rôles (Sam Elliott, William Petersen, Kathryn Morris, Mariel Hemingway...).
Un dernier mot sur la mise en scène, adaptée dans ses effets - Rod Lurie multipliant les gros plans sur les visages - mais peu chatoyante, avec une photo terne et une réalisation quelconque.