Julien Duvivier réunit dans un véritable huis-clos quelques uns des représentants de la fine fleur du cinéma français et le récit, parfois gagné par la monotonie, y gagne sans conteste en prestige.
Quinze ans après le démantèlement par la gestapo du réseau Vaillance, nuit tragique au cours laquelle son chef sera abattu, d'anciens résistants se retrouvent pour honorer leur ami disparu. Mais organisée par Marie-Octobre, la soirée n'a pas d'autre but que de révéler au groupe la présence d'un traître et de le démasquer. Dès lors, les amis d'autrefois, devenus d'authentiques bourgeois, se déchirent dans d'indignes suspicions, rancoeurs et autres griefs.
A voir ces anciens héros se renvoyer sans décence leurs accusations et leurs dénégations, à voir leur belle amitié se fissurer, on ne doute pas d'être dans l'univers sombre de Duvivier, grand explorateur de la noirceur humaine. La fraternité et les souvenirs qui unissent en apparence ces hommes et cette femme (Danielle Darrieux) ne résistent pas plus longtemps à l'adversité qu'aux vils instincts. C'est le sens essentiel du film en dépit que le suspens lié à l'identité du délateur a son propre intérêt. Le procédé, où les soupçons se portent à tour de rôle sur chacun des personnages, est parfois un peu schématique mais reste efficace.