Des becs de lièvre, des nez en patate, des cheveux dégueulasses, une moustache de pervers et autres afflictions mentales. Des combats avec des animaux empaillés, de la violence, de la philosophie, une surprenante réinterprétation de la bible. Des parties endiablés de badminton, une cage à humains, de la sueur et du fromage. Des branlettes, du vomi, des pouilleux et des poules bizarres. Un taureau aux 43000 descendants, des assiettes à motif et surtout un bon gros doigt d'honneur à Darwin.


Voilà un florilège de ce que l'on peut retrouver dans Men & Chicken, le nouveau film d'Anders Thomas Jensen, scénariste (The Duchess, After the Wedding) et réalisateur Danois.


Men & chicken nous conte l'histoire de deux frères, Elias et Gabriel, dont le père vient de passer l'arme à gauche, laissant dans son mortel sillage une cassette révélant bien des secrets. Il s'avère qu'il n'est pas leur père biologique, qu'il s'agit d'un certain Evelio Thanatos, un généticien bien mystérieux vivant sur la petite île d'Ork, 42 péquenots au compteur. Ni une ni deux les deux loustiques embarquent sur un ferry et voguent vers le manoir paternel en quête de vérité. Là-bas ils trouveront une demeure à demi en ruine, jonché de tôles et de débris, dont la cour est infesté d'animaux en tout genre. Pour veiller sur Thanatos, trois personnages dont la laideur repousse les limites du supportable font leur apparition. Apparemment, ces derniers seraient également les frères d'Elias et de Gabriel. Voilà qui nous promet bien des choses, bien des mystères à élucider...


Men & chicken ne saurait tenir debout au milieux des ruines du passé sans la prestation audacieuse de ses acteurs. David Dencik tient le rôle de Gabriel, un homme intelligent dont le visage témoigne des multiples opérations chirurgicales qu'il a reçu, seul un bec de lièvre et une étrange manie d'avoir la nausée trahit encore son anormalité. Elias, quand à lui est joué par un Mads Mikkelsen totalement méconnaissable, grimé en affreux et abîmé pervers, se masturbant dès que l'envie lui prend ou lorsqu'un membre de la gente féminine est dans les parages. Autant dire qu'ils ne font pas rêver ces deux-là, le reste du casting non plus d'ailleurs aux vues des larrons aux visages et aux personnalités quelques peu difformes.


Ce qu'il y a de véritablement saisissant avec ce film c'est l’éminence de son capital étrangeté. Un cabinet de curiosité ne saurait pas mieux nous surprendre. C'est, je trouve, extrêmement plaisant de rencontrer une œuvre qui ose jouer la carte de la difformité jusqu'au bout en nous livrant pareil scénario, pareils dialogues alambiqués, pareil humour malsain, pas dénué d’intelligence. A la frontière entre un comique très efficace par son décalage et son absurdité totale et un thriller à l'ambiance glauque, poisseuse, Men & chicken réalise un beau tour de force muni d'une sacrée paire de testicules, souligné d'une réalisation plus qu'esthétique.


C'est du cinéma que l'on ne rencontre que très peu, faute d'un public prêt à miser sur lui. C'est un film qui ne plaira certainement pas à tout le monde, chose que l'on comprend aisément à voir son ton parfois très brutal et ses protagonistes peu courants, recelant davantage de finesse que leur apparence veut bien supposer. Voir Men & chicken c'est faire un pari, celui de la surprise.


P-s : un conseil cependant, ne mangez pas de Mc chicken en sortant du cinéma. C'est une expérience que je ne préfère pas réitérer...

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le 4 mai 2016

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Fosca

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