De l'audace, de l'audace encore et toujours de l'audace dans le cinéma français.

Ce 11 ème film de Blier est une grosse claque. Cela commence par un érotisme sensationnel avec les personnages de Charlotte Gainsbourg et d'Anouk Grinberg. On se dit que le film va rester comme ça jusqu'au bout, dans une folie érotique, déjà intéressante. Mais il faut en plus que le film rentre dans un délire majestueux, où on confond le réel et la fiction, le réel et l'imaginaire, on ne sait plus si ce qu'on voit est réel ou un rêve de pellicule. L'alternance entre la couleur, le noir et blanc en plus d'être splendide casse notre vision du réel. Quand arrive le personnage de Depardieu, génial, on est happé, décontenancé.


Et que dire de ses dialogues qui ne prennent sens que dans un film, porté par Charlotte Gainsbourg et Anouk Grinberg, qui nous offre des performances magistrales, on a rarement vu ça, une liberté, une déchéance, un combat pour vivre. La suite du casting se complète avec Michel Blanc Jean Carmet :Annie Girardot et Catherine Jacob tout étincelant.


Le film part dans un trip dont chacun pourra l'interpréter différemment, c'est ça sa beauté, mais pas uniquement. On prend un tel plaisir à ne pas tout comprendre, on prend un tel plaisir à comprendre, on prend un tel plaisir à ce que les scènes soient irrationnelles. Le film alterne l'humour plutôt noir, l'absurde, le drame terrible, et même l'érotisme et le genres: la quête de soie; la famille; l'amour; les femmes; la guerre; le sida; la jalousie et la mort.


Le film part donc dans tout les sens, avec en fait ni plus ni moins qu'un tournage halluciné et fantasmé par Gainsbourg, mais il y a tellement plus de chose à voir qu'il serait bête d'uniquement l'interprété comme cela. Avec ce twist final, en tout cas c'est comme ça que je l’interprète:


le personnage de Anouk Grinberg est en fait une métaphore du sida, métaphore si terrible qu'on la compara à la déportation qui a fauché des jeunes gens en plein vol.


Mais même sans ce twist je ne compte pas le nombre de scènes marquantes, troublantes, le signe d'un très très grand film et sans quelques longueurs,et plus de cohérence on aurait pu faire un chef d’œuvre.


Alors ce film ne plaira pas à tout le monde, certains crieront que ce film n'a aucune cohérence. Mais pour tout vous dire je m'en fiche, je vois ce film comme une sorte de rêve métaphorique,sans ennuie, parce que c'est ça qui compte au final et quelle originalité,quelle originalité. Avec en plus une belle BO avec Arno décapant chantant du Brel et Philip Glass pour le côté froid.

Merci la vie, tu la dis.

Créée

le 21 mars 2020

Critique lue 180 fois

1 j'aime

Zhurricane

Écrit par

Critique lue 180 fois

1

D'autres avis sur Merci la vie

Merci la vie
EvyNadler
8

Charlotte aux fraises

Avant toute chose, je suis déjà très heureux d'avoir fait la découverte de Anouk Grinberg, une sorte de Juliette Binoche Adjaniesque qui fait plaisir à voir et à entendre. Elle en fait des tonnes...

le 5 mars 2015

12 j'aime

5

Merci la vie
Ticket_007
7

2 Lolita, 2 époques... Mais "un monde sans pitié" !

Charlotte Gainsbourg s'affirmant comme actrice avec un rôle enfin adulte offert par Bertrand Blier... De quoi la faire s'exalter alors avec le titre du film : "Merci la vie". Mais dans le même temps,...

le 17 oct. 2016

8 j'aime

7

Merci la vie
Loyola777
4

"Les larmes qui coulent c'est pas toujours des larmes de bonheur"

Bertrand Blier est sans conteste un cinéaste génial, qui a su nous pondre des films comme Buffet Froid, Tenue de Soirée, les Valseuses ou Calmos, qui ont en commun un sens de l'absurde qui s'insinue...

le 7 juin 2019

7 j'aime

1

Du même critique

The Devil and Daniel Johnston
Zhurricane
8

Documentaire sur un des artistes rock les plus athypiques

Nous voici plongé dans la tête de Daniel Johnston, ou plutôt dans la tête de Daniel Johnston et du diable. Johnston chanteur de lo-fi (un des fondateurs) est bipolaire. Et cela entraine chez lui des...

le 17 sept. 2022

5 j'aime

Meurtre à Alcatraz
Zhurricane
5

Un sujet ne fait pas tout

Les 10 premières minutes du film commencent un chef d’œuvre, on est dans une prison, au trou, l'univers est poisseux, mais en parallèle porté par une musique que l'on pourrait qualifié de...

le 26 févr. 2021

3 j'aime

Les Temps modernes
Zhurricane
9

Critique du travail à la chaine par le comique.

Ce film date de 1936, et pourtant quand on le regarde aujourd'hui, il est frappant de dire que son propos et toujours d'actualité, et que les choses n'ont malheureusement pas changé. C'est bien le...

le 21 mars 2020

3 j'aime

3