Le premier film de Mathieu Kassovitz ne manque pas de qualités ni d'ambitions.
A l'image de ces deux héros répondant à une inversion des clichés habituels (un rappeur blanc et un noir de bonne famille), le néo-réalisateur pose un regard intéressant et original sur la société française du début des 90's, abordant des problématiques plus que jamais d'actualité une trentaine d'années plus tard : racisme, communautarisme, vivre ensemble, précarité, malaise de la jeunesse...
Se référant ouvertement à Spike Lee - avec notamment une héroïne inspirée de Nola Darling - Kasso propose une mise en scène énergique et parfois inspirée, à l'image de certains cadrages originaux, de jeux sur le montage, ou d'un générique à vélo avec caméra embarquée, sur la musique énervée du groupe Assassin (Mathias Cassel rejoignant ainsi au générique son frère Vincent et son père Jean-Pierre, présents dans des rôles secondaires).
Cette énergie communicative s'accompagne d'un humour omniprésent (parfois drôle, parfois lourd), de sorte que "Métisse" demeure un film au ton léger, en dépit de la gravité de certains thèmes.
Problème : je suis resté passif, à bonne distance de ces personnages et des situations qu'ils traversent. "Métisse" ne sera jamais parvenu à m'embarquer.
La faute sans doute à un manque global de finesse, à un certain amateurisme en terme d'interprétation (notamment Hubert Koundé et Julie Mauduech - dont ce sera l'unique rôle au cinéma), et à des personnages finalement peu attachants. Je ne suis pas entré en empathie avec ce trio, je n'ai pas cru à leur ménage à trois.
Malgré des scores en salle assez modeste (moins de 100 000 spectateurs), "Métisse" constituera une bon tremplin pour Mathieu Kassovitz, qui à peine deux ans plus tard connaîtra la consécration avec le triomphe de "La haine", son deuxième long-métrage.