Des Pallières dans les yeux
Mads est colère. Son seigneur lui a volé et abîmé ses chevaux. Quand la justice ne fait plus son boulot, Mads décide d'aller mener une vendetta contre ce manant sosie de Michel Gondry. C'aurait pu être un film de vengeance comme on en voit des dizaines chaque année ; heureusement qu'Arnaud des Pallières, réalisateur qui m'était inconnu auparavant, réussit à sublimer son film comme rarement.
C'est une épopée contemplative, certes très très lente, mais magnifique de bout en bout. La scène d'ouverture est exceptionnelle, et les tambours entendus alors reviendront à d'autres reprises au cours du film, à chaque fois avec la même émotion non contrôlée. La guerre de Mads nous prend aux tripes lors des quelques passages "violents" du film (pendaisons, escarmouches, etc.), sans jamais tomber dans un écoulement d'hémoglobine inconsidéré. La justice, la guerre, la vengeance, la violence, la religion... autant de thèmes abordés sobrement mais toujours avec la même pesanteur qui fait de Michael Kohlhaas un beau film, dans la forme et le fond.
Et puis on ne va se mentir, Mads Mikkelsen est une bête d'acteur. Sa présence est étouffante, alternant le charisme d'un chef de guerre et la faiblesse tragique d'un père de famille. Dommage que sa diction française ne soit pas parfaite, mais je ne lui jetterai aucunement la pierre pour ça. Le rôle de Denis Lavant, théologien chargé de remettre Michael sur le droit chemin, est tout aussi impressionnant.
Une bonne surprise donc : un film à la fois contemplatif, poétique et tristement réaliste.