À la lecture du synopsis, je craignais que ce soit juste un remake non avoué de The Wicker Man, avec Christopher Lee, et que les spectateurs du film, dont quelques-uns n'ont certainement pas idée d'aller voir au-delà des années 2000, sortent "oh mon Dieu, c'est trop original, c'est du jamais vu". Bon, passons rapidement sur cela, ce n'est pas le cas. Je ne dis pas qu'il n'y a pas quelques points communs, mais les deux films diffèrent assez dans leurs thématiques et dans leur traitement. Donc on peut le considérer comme une œuvre à part entière.


Le deuxième long-métrage d'Ari Aster est le premier que je vois, donc je ne vais pas pouvoir faire mon connaisseur en faisant une quelconque comparaison avec Hérédité.


Ce que je peux dire par contre, c'est qu'il a une maîtrise technique et visuelle incontestable.


La manière, dans ce que l'on peut appeler le prologue, dont il parvient à traduire la solitude et la détresse extrêmes dans lesquelles vit la protagoniste, dans des décors sombres (contrastant évidemment avec la suite, mais je vais y revenir !), dans un climat sombre, est admirable.


La suite, où on se sent prisonnier dans ce qui est pourtant un vaste extérieur ouvert, aux couleurs fraîches, lumineux, sous un ciel bleu d'une clarté qui imprime immédiatement la rétine, ne fait que confirmer ce talent de mise en scène.


En ce qui concerne Florence Pugh, pour moi, c'est l'actrice la plus talentueuse de sa génération. Elle le confirme ici. Elle fait ressentir avec justesse le mal-être profond du personnage qu'elle joue. On saisit instantanément les motifs qui la poussent à faire ou à ne pas faire telle action en très grande partie grâce à cette comédienne d'exception. J'ai eu le coup de foudre pour elle dans Lady Macbeth et elle n'a pas déçu du tout mes attentes ici.


Autrement, une part non-négligeable des gens qui ont vu le film l'ont trouvé trop lent, trop long. Je comprends tout à fait que cela peut rebuter. Personnellement, cela ne m'a pas gêné. Je ne me suis pas ennuyé, je n'ai pas trouvé le temps long. En fait, pour moi, le cinéaste prend son temps pour bien intégrer l'histoire, le cadre, les personnages.


Par contre, ce qui m'a gêné, c'est que sous l'allure visuelle et celle temporelle peu conventionnelles pour un film d'horreur (oui, un film d'horreur !), le déroulement de l'intrigue est somme toute prévisible. Je n'ai pas été choqué par ce que j'ai vu en partie à cause de cela. Il y a rien à m'avoir sauté dessus par surprise, pour bien me marquer, bien me traumatiser.


Et je n'ai pas été choqué non plus, en partie parce que les personnages principaux, si on excepte la protagoniste, sont de véritables archétypes de chair à massacrer des films du genre. On les voit, on comprend immédiatement qu'ils vont prendre cher parce que dans n'importe quelle autre œuvre d'horreur, ce serait le cas aussi. Je n'évoquerai pas évidemment l'incohérence de leur comportement à certains moments donnés comme le "oh, où sont nos deux amis qui ont disparu mystérieusement... bon ben tant pis on va aller bouffer quand même !" ou le "oh, deux vieux qui s'écrasent sur le sol... tiens, le second n'est pas mort... oh tiens, les autres sont en train de l'achever en l'écrabouillant avec un maillet... bah, normal !".


Je pense que si Aster avait fait l'effort de sortir de ces stéréotypes, l'ensemble aurait été beaucoup plus percutant, beaucoup plus terrifiant.


Alors oui, j'ai aimé globalement le film, j'ai aimé la mise en scène, l'incroyable comédienne principale, mais il y un petit goût amer de "cela aurait pu être meilleur".

Plume231
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le 7 août 2020

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Plume231

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