J'ai désormais vu presque toute la filmographie de Satoshi Kon, hormis Tokyo Grandfathers, et de tous ceux que j'ai vu Millennium Actress est son plus abouti. Celui où tous les éléments particuliers qui font sa marque de fabrique s'assemblent le mieux pour former un tout homogène, cohérent et marquant. À confirmer une fois que j'aurais tout vu (d'ici peu normalement).
Déjà, c'est son premier film en collaboration avec Susumu Hirasawa pour la BO et bon dieu que ça fait plaisir de le retrouver. Il m'avait bien manqué dans Perfect Blue. Pour moi, c'est un des duos réalisateurs/compositeurs les plus légendaires qui soient (avec Leone/Morricone et Miyazaki/Hisaishi, de tête).
Tous ses films explorent la frontière entre réalité et non-réalité. Selon ses films, cette dernière revêtit différentes formes : illusions, hallucination, imagination, rêve, etc. Grâce à son montage extrêmement soigné et sa maîtrise de son univers visuel, il réussit à flouer cette frontière aussi bien pour les personnages que pour le spectateur, qui n'est jamais exactement sûr d'où l'une s’arrête et l'autre commence. Dans Millennium Actress, il y a une forte cohésion entre cette indétermination, l'histoire et les thèmes ce qui permets à ce procédé de bien se marier avec la trame principale du film. Pour autant, ce n'est pas toujours le cas dans ses autres œuvres.
Au niveau de l'intrigue, c'est une de ses plus simples et elle n'a jamais vraiment l'intention de se vouloir alambiquée (bien que du fait de l'incertitude omniprésente, on peut en douter au début). C'est une histoire assez simple sur les souvenirs et la recherche de l'être aimé. Cependant, c'est là une des forces du film contrairement à Perfect Blue et Paprika qui croulent un peu sous le poids de la pseudo-complexité de la leur. Ainsi, la fin de Millennium Actress reste dans la continuité du reste du film et le conclut avec succès, là où la résolution beaucoup trop simpliste par rapport au reste de Perfect Blue et celle absconse de Paprika laissent déçu ou confus, ce qui leur porte préjudice dans leur globalité.
Peut-être que je suis aussi un peu biaisé dans ma préférence du fait de mon appréciation personnelle pour les romances en général (encore que j'aime aussi beaucoup le concept d'explorer les rêves dans l'art).
Je pense qu'esthétiquement parlant (visuels, musique et montage) l'exploration du non-réel est encore mieux réussi dans Paprika. Il faut bien admettre que le thème des rêves s'y prête bien. Pour autant, Millennium Actress est l’œuvre de Satoshi Kon la plus harmonieuse, ce qui est plus important à mes yeux.
Verdict : 8 – Très bon !