Un film au message fort même si fort simple. Satoshi Kon a voulu à la fois rendre hommage au cinéma de son enfance, c’est à dire les films japonais des années 1930 à 1970, et en même temps à en faire le deuil.
Cependant, comment parvenir à rendre hommage à un cinéma tout en l’enterrant ?
Le film y parvient en représentant les différents genres des films de cette époque (historique, drame, SF, etc…) et mêle de manière assez subtile réalité devant et derrière la caméra. Mais de plus si l’on prête attention à l’histoire de chaque personnage, on peut trouver quelque chose en commun : tous sont torturés par leur passé et leurs empêchent d’aller de l’avant. Kyoko ne parvient à oublier le peintre. Le reporter ne parvient pas à oublier Kyoko. L’ancien soldat ne parvient pas à oublier ces crimes de guerre. Enfin, la rivale de Kyoko ne parvient pas à oublier sa jeunesse. Tout est symbolisé par la clé qui représente à la fois la compréhension de son histoire mais l’éternelle absence de serrure. C’est en mourant et en abandonnant définitivement cette quête que le public japonais pour lequel a été pensé le film en même temps que les personnages fait le deuil de son cinéma.
Nous pourrions de plus ajouter une dimension politique au film en montrant comment le cinéma a été un moyen de guérir pour le peuple japonais des stigmates de la guerre. Nous, les Occidentaux avons l’expression « du pain et des jeux » comme quoi l’art et les productions culturelles ne seraient que des divertissement qui nous empêchent d’agir et de nous révolter.
Mais, Kon à travers ce film rappelle aussi que le cinéma (et l’art en général) permet aussi la catharsis des sociétés. Ce film est politique, car il nous rappelle à quel point l’art est en lui-même est politique. Le cinéma est social, car certes, il nous divertit. Mais en parallèle, il nous émeut et permet de révéler les maux qui nous rongent voire de les résoudre.
Donc en bref… C’est un petit bijou. Enjoy !
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