S'il n'est pas dénué des défauts inhérents à un blockbuster sauce Spielberg, "Minority Report" s'avère néanmoins une très belle réussite, bénéficiant de l'univers riche et pertinent de Philip K Dick, auteur du roman original.
Ce maître de la littérature SF a souvent permis des adaptations au cinéma de qualité, à l'image de "Blade Runner" (Ridley Scott) ou de "Total Recall" (Paul Verhoeven), pour ne citer que les plus célèbres. Steven Spielberg choisit quant à lui une nouvelle publiée en 1956, qui part du postulat que les crimes de sang peuvent être détectés à l'avance dans une société futuriste.
L'un des principaux administrateurs de cette unité, incarné par Tom Cruise, s'aperçoit bientôt qu'il est lui même mis en cause par les "pré-cog", chargés de prévoir les futurs meurtres, afin de permettre aux agents de les prévenir. Commence alors une course contre la montre pour comprendre ce qui se trame et déjouer le destin.
Sorti en 2002, "Minority Report" fait la part belle aux images de synthèse, ce qui enlaidit parfois sa réalisation, par ailleurs dynamique et inventive, qui offre un divertissement bien rythmé.
Spielberg choisit des filtres bleus qui illustrent la froideur et le climat angoissant de cette société futuriste, où les écrans tactiles ont envahi le quotidien, où les véhicules évoluent à la verticale, et où de nombreux gadgets technologiques aident les forces de l'ordre dans leur travail quotidien.
Malgré un dénouement qui manque d'ambiguïté, on apprécie la noirceur et la complexité de l'atmosphère mise en place par Spielberg, qui signe indéniablement l'un de ses meilleurs films depuis bien longtemps.
Il est bien aidé dans sa tâche par une distribution globalement convaincante, à commencer par Tom Cruise, certes dans un rôle sur mesure de héros tourmenté, mais également Colin Farrell (vraiment bien), Max Von Sydow, Peter Stormare ou encore Neal McDonaugh.
On sera plus réservé sur le casting féminin, entre une Samantha Morton hallucinée et une Kathryn Morris sans épaisseur, la partie familiale du récit n'étant pas la meilleure, Spielberg retombant alors dans sa tendance naturelle à la guimauve.
Qu'importe, "Minority Report" s'avère une adaptation grand public mais dans l'ensemble satisfaisante de Philip K Dick, au scénario mystérieux et captivant, qui constitue au final un divertissement intelligent, nous interrogeant sur un certain nombre de problématiques sociétales et existentielles.