Au pays des monstres gentils... Pixar à bonne école
Après un "Cars 2 par trop vampirisé par son merchandising, et une "Rebelle", décevante et flirtant de trop près avec le monde des princesses de chez Disney, ce retour aux sources de l'imaginaire Pixar pouvait laisser espérer une nouvelle jeunesse. Ou, à défaut, au moins, à la créativité et à la fantaisie charmante des premiers films du studio.
Pour ce film contant donc la rencontre et la vie de Bob Razovski (le petit globuleux cyclope vert) et Jack Sullivan (le gros yéti bleu), venant une bonne quinzaine d'années après Monstres et Cie, le lien est plutôt astucieusement fait entre les deux films, avec les clins d'oeil qu'il faut pour le public ayant vu la précédente oeuvre et la nouvelle génération, vierge de toutes références.
Mais, à l'image du premier plan, avec son innocent pigeon qui se révèle être monstre bicéphale, Monstres Academy, se dédouble assez vite, lui-aussi.
La fantaisie et la maîtrise technique éblouissante s'imposent dans la galerie de monstres qui peuple l'académie, mais le manque relatif d'inspiration éclate dans un récit qui se calque sur un bon vieux "film de campus" américain, avec ses fraternités, ses fêtes et ses défis. Le centre de l'intrigue est tout aussi prévisible, avec tout d'abord une hostilité envieuse entre les deux héros, qui se transformera en vraie amitié, après les nombreuses péripéties traversées, et cette transfiguration faisant d'une bande de loosers une équipe de "terreurs".
La dernière partie du film, au-delà de l'épilogue fastidieux et artificiel, semble vouloir pointer d'autres enjeux, mais se révèle surtout une belle démonstration de vitalité technologique. Pas désagréable et bien menée, l'histoire parvient même à embarquer parfois le spectateur, mais jamais à le surprendre. Scanlon a été à bonne école, et cela se sent. Et ce jusqu'au désormais habituel "bonus" du générique de fin, clin d'oeil amusant à l'une des premières séquences, mais au rythme lent d'un escargot.
Auparavant, l'ambivalence du regard qui se porte désormais sur Pixar se révélait aussi dans le générique, sous forme de jeux de cartes (évoquée dans le fim par nos monstres), qui faisait irrésistiblement songer au merchandising réel qui pourrait (à moins que cela ne soit déjà le cas) en être tiré !
Rentré dans le rang côté scénario, Pixar mène cependant encore la course en tête côté visuel et avancée technologique.
Le court-métrage d'avant-programme, "Le Parapluie bleu", le montrait plus encore, avec un réalisme inouï de l'animation d'une bourrasque de pluie à New York. Et, contrairement au long métrage qui allait suivre, cette vista technique s'enrichissait là d'une vraie poésie, romantique et d'une incontestable originalité. Comme si, désormais, c'était là que se découvrait la vraie qualité du studio d'Emeryville.