Ultra bruyant, ultra chaotique, ultra jouissif. Du pur Bowie, quoi. Brett Morgen a tout compris à l'esprit déjanté du chanteur, on l'avait deviné en se réveillant d'un coup face à cet électron libre qui nous a fait un tapis rouge endiablé à minuit à Cannes : on commençait à s'ennuyer pas mal, puis Monsieur est arrivé, nous a balancé Heroes à fond, et a sauté partout comme un fou, nous entraînant dans son délire électrisant le temps de 5 minutes déconnectées de toute réalité. Le film fait pareil, en 2h20. Merci, Brett, vraiment : merci. On précisera néanmoins que la dernière demi-heure est un brin longue (on revoit trop souvent les mêmes images, ainsi les séquences des planètes qu'on retrouve à l'identique au moins trois fois), et que si vous débutez dans la découverte du chanteur (personne n'est parfait), il vaudra mieux commencer par regarder quelques documentaires Arte (excellents) pour avoir quelques notions de base, car c'est un peu la particularité de Moonage Daydream : il n'est pas là pour vous donner un cours scolaire, exit la biographie, les dates, les spécialistes qui expliquent telle chanson ou telle période... Brett mélange tout, la période à Berlin avec la retraite spirituelle, les interviews et citations du chanteur comme seules paroles que vous entendrez (ou lirez) pour décrypter ce kaléidoscope sous ecsta. C'est bien simple : les jeunes assis derrière nous, venus découvrir l'idole de leurs parents, n'ont rien compris, rien appris, et sont sortis plus que dubitatifs... Vraiment, ne vous lancez dans l'épopée Moonage Daydream que si vous avez un pied (une oreille) dans l'univers de Bowie, il s'agit moins d'un documentaire pédagogique (ou d'un biopic comme l'atroce Stardust, sorti récemment et que vous aurez le bon goût d'éviter) que d'un conglomérat d'archives inédites joyeusement bordéliques. On ressort sourd, aveugle, mais en dansant. Let's Dance !