Mother Land
5.7
Mother Land

Film de Alexandre Aja (2024)

Dans 𝑁𝑒𝑣𝑒𝑟 𝐿𝑒𝑡 đș𝑜, Alexandre Aja, pourtant habituĂ© aux atmosphĂšres angoissantes, semble perdre de vue ce qui fait la force du cinĂ©ma d’horreur. DĂšs les premiĂšres minutes, le film s'enlise dans un verbiage incessant, ponctuĂ© d’une voix off insupportable, qui alourdit un rĂ©cit dĂ©jĂ  trop explicatif. Cette narration, loin d’ajouter une profondeur psychologique, noie au contraire l’intrigue sous des commentaires superflus qui diluent toute forme de suspense. En choisissant un dĂ©coupage en chapitres, le rĂ©alisateur tente probablement de structurer son propos, mais cette technique se rĂ©vĂšle ici vide de sens, n'apportant aucune utilitĂ© narrative et cassant encore plus le rythme.


Le scĂ©nario, embrouillĂ© et sans direction claire, s’attarde sur des thĂšmes pourtant intĂ©ressants comme la maladie mentale et la surprotection maternelle, mais ne parvient jamais Ă  les explorer avec la profondeur requise. Le film se complaĂźt dans une rĂ©pĂ©tition de dialogues et de situations qui n'avancent pas, rendant le propos confus et interminable. On sent que le film hĂ©site constamment entre une volontĂ© d’ĂȘtre un thriller psychologique et celle de s’inscrire dans une tradition de l'horreur plus viscĂ©rale, mais ce flou finit par desservir l’ensemble. La mise en scĂšne, censĂ©e installer progressivement une montĂ©e en tension, Ă©choue Ă  crĂ©er un sentiment d’urgence ou de danger palpable. Chaque scĂšne semble tomber Ă  plat, laissant le spectateur attendre en vain l’arrivĂ©e d’une menace qui ne vient jamais.


Les performances des acteurs, en particulier Halle Berry, ne parviennent pas Ă  sauver ce naufrage. Son jeu, trop monolithique, ne laisse transparaĂźtre ni la dĂ©tresse ni la folie qui auraient pu rendre son personnage fascinant. Quant aux enfants, leurs prestations manquent cruellement de constance, ce qui affaiblit encore plus l’impact Ă©motionnel des scĂšnes censĂ©es ĂȘtre chargĂ©es de tension familiale. À cela s'ajoutent des incohĂ©rences au sein mĂȘme de la diĂ©gĂšse, avec des rĂšgles posĂ©es par le film qui sont rapidement oubliĂ©es, contribuant Ă  la confusion gĂ©nĂ©rale.


Enfin, malgrĂ© quelques tentatives pour instaurer une atmosphĂšre oppressante, 𝑁𝑒𝑣𝑒𝑟 𝐿𝑒𝑡 đș𝑜 Ă©choue Ă  susciter la moindre peur. Aja, pourtant reconnu pour sa capacitĂ© Ă  jouer avec les espaces clos et les menaces invisibles, n'arrive pas Ă  capturer ce qui faisait la force de ses Ɠuvres prĂ©cĂ©dentes. Au lieu d'un thriller haletant, on se retrouve face Ă  un film ni effrayant, ni mĂȘme divertissant, qui se prend au sĂ©rieux sans jamais rĂ©ussir Ă  transformer ses ambitions en une expĂ©rience cinĂ©matographique convaincante.

dosvel
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le 24 sept. 2024

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dosvel

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