J'ai quelque peu hésité, mais l'occasion de découvrir « Moulin Rouge » au cinéma était belle, d'autant que je ne l'avais pas revu depuis ans et en gardais un très bon souvenir. Pourtant, j'avoue que pendant un bon moment j'ai eu assez peur. Il faut dire que Baz Luhrmann n'y a va pas avec le dos de la cuillère derrière la caméra, presque hystérique dans sa manière de filmer le Paris de 1900, débordant de couleurs, de costumes et n'ayant pas peur des personnages hauts en... couleur, parlant très fort et très vite, au point d'en être assez vite épuisant.
Non pas que la tendance change radicalement par la suite, mais disons qu'on s'habitue et que l'arrivée de Nicole Kidman change pas mal de choses, se révélant être un choix idéal pour incarner aussi bien l'élégance que la grâce, la beauté ou la sensualité. Le film devient alors plus émouvant, toujours aussi peu sobre mais trouvant un meilleur équilibre entre comédie musicale et mélodrame, bien que le fond ait un peu tendance à prendre le pas sur la forme, dont l'une des très originales idées est de reprendre des titres anachroniques transformés dans le registre de l'époque, offrant quelques belles séquences.
Pas franchement subtil, parfois un peu longuet, « Moulin Rouge » est toutefois de ces films ayant clairement l'amour du cinéma chevillé au corps, en faisant sans doute trop et tentant tellement qu'il ne peut tout réussir, mais avec une ferveur, dans un genre devenu de plus en plus rare, qu'on ne peut y être totalement insensible.