A tous ceux pour qui le dernier roman photo de Jim Jarmusch fait partie de ces films qui poussent l'art formaliste du cinéma jusqu'au bout... A tous ceux pour qui la linéarité simpliste des Dardenne est la façon la plus pure et la plus intense d'embrasser la réalité de la vie et du sentiment humain... A tous ceux pour qui seuls les sujets sociaux forts peuvent prétendre à être des films qui touchent à l'essence même du cinéma... A tous ceux là, que "Mr. Nobody" vous prouve à quel point vous sous-estimez les possibilités du septième art ! Il n'est pas nécessaire d'avoir vécu les mêmes choses que le personnage éponyme de ce film pour se sentir concerné. Pas besoin non plus d'être en phase avec lui ou avec ses choix pour se sentir capté. Oh non ! Par ce film, Jaco Van Dormael nous montre comment le cinéma, quand il oublie les simplicités d'usages, les conventions toutes plates, peut se faire un tourbillon qui met tous nos sens en éveil pour aller toucher jusqu'à l'essentiel des choses. Alors oui, on est décontenancé au départ, oui on est étourdi par ce début qui nous emmène dans tous les sens au point de perdre la tête... Mais le résultat est là : notre esprit est nourri jusqu'à plus soif. Jamais il ne se lasse et demande encore plus afin que cette multitude de sensations l’élève d'avantage encore ! Au final, la démarche est remarquable parce qu'elle sait explorer l'humain dans toute son universalité. Le propos lui aussi touche au divin de par sa pertinence et son audace. Bref, à avoir su rendre concret l'abstrait, à être parvenu à dire l'indicible, ce "Mr. Nobody" touche à la quintessence même du septième art… Il en repousse les limites. Ainsi me permettrais-je l'outrecuidance de le dire, mais ce "Mr. Nobody" est à mes yeux un de ces chefs d’oeuvre absolus qu'on se doit de voir, même si on y est pas forcément préparé... Je préciserais même : "surtout si on y est pas préparé...