Une constante revient chez les personnes ayant vu ce "Mr. Nobody" : soit on adore, soit on déteste. Et bien pas moi! Au contraire, le premier mot qui m'est venu à l'esprit pour évoquer le film fût "inégal", le second "frustrant". Car le nouveau film de Jaco Van Dormael démarre assez superbement, d'autant que l'idée n'est en définitive en rien prétexte à un exercice de style vide de sens et d'âme, le montage favorisant le morcellement narratif s'avérant particulièrement convaincant. Au contraire, le scénario sait dès le départ tirer le meilleur de cette idée brillantissime et passionnante qu'est celle des différentes vies possibles découlant d'une décision que l'on a prise durant notre enfance. On y trouve même une dimension quasiment poétique dans la manière qu'à Van Dormael de raconter ces différentes histoires, et ce bien que le traitement de ces dernières soient franchement inégales (celles avec Lin Dan Pham en premier lieu.) Mais que s'est-il alors passé dans la tête de notre cher metteur en scène pour qu'il nous offre cette deuxième heure frôlant le grotesque et l'ennui? On a ainsi droit à des théories assez fumeuses sur la vie, la mort, mais le film prend surtout un détour vers la science-fiction pas loin du ridicule, et dont le summum est évidement ce voyage sur Mars rompant totalement la cohérence d'un récit pourtant réussi jusque-là. Et que dire de cette fin bottant en touche sans aucune vergogne et nous laissant quand même franchement sur notre faim... Il y en a tout de même un peu marre de ces films qui savent nous faire rêver pendant la moitié du temps avant de se transformer en quasi-escroquerie par la suite. Est-ce si fatigant de s'appliquer à faire un bon film de manière intégrale? Pourtant j'ai tout de même envie d'écrire que l’œuvre, ne serait-ce que pour sa superbe première partie, reste un film à voir, mais c'est aussi pour cela que l'on sort de la salle d'autant plus amer, convaincu que l'on est pas passé loin du grand film. Regrets éternels...