Diagnostiqué autiste dans son enfance, élevé par un père militaire qui a fait de lui un tireur d'élite expert en arts martiaux, Christian Wolff (Ben Affleck, impeccable) est un génie des maths. Devenu expert-comptable, il opère sous couverture pour les cartels et la mafia. Une activité qui a fini par éveiller l'attention du fisc, lequel charge un agent d'identifier et de débusquer ce mystérieux consultant. Afin de détourner les soupçons, Wolff accepte de vérifier les comptes d'une entreprise de robotique a priori irréprochable. A priori seulement, car une employée (Anna Kendrick, mimi tout plein) croit avoir décelé un détournement de fonds se chiffrant à plusieurs millions de dollars. Bien qu'ayant d'énormes difficultés à communiquer avec son entourage, Wolff implique la jeune femme dans ses recherches et met à jour l'escroquerie. Dès lors, les cadavres commencent à s'empiler autour d'eux, tandis que les fédéraux avancent dans leur enquête et sont sur le point de démasquer Wolff...
Voilà comment on peut résumer l'essentiel d'une intrigue qui, à l'image de son personnage principal, est faite de plusieurs strates. Trop, peut-être, car tout ce qui enrobe le cœur du récit est parfois confus, que ce soit dans la nature des motivations de Wolff, l'enquête menée par le Département du Trésor et son Eliot Ness au bord de la retraite (J.K. Simmons, formidable) ou la comptabilité de la firme dirigée par un John Lithgow qu'on a toujours plaisir à retrouver...
Mais peu importe, car l'intérêt de Mr Wolff se trouve ailleurs, à savoir dans l'adroite manière dont il récupère le cinéma de super-héros pour l'ancrer dans le contexte d'un thriller. Mr. Wolff déroule en effet toute la panoplie du genre. Ainsi, nous avons droit aux origines du héros, à la découverte des pouvoirs liés à son autisme, à sa phase d'entraînement en Asie, au trauma qu'il a subi et à la mise en application de son enseignement. Qui plus est, Wolff agit sous de fausses identités, surgit de l'ombre tel Batman pour abattre sa cible, se terre dans l'équivalent d'une cave et possède un véhicule qui lui sert à stocker un véritable arsenal, esquive une relation intime dans le seul but de protéger celle qu'il aime et manque d'être soigné dans un institut de neuroscience qui, avec ses patients surdoués, ressemble à s'y méprendre à l'école des X-Men du professeur Xavier.
Bien que prégnant, cet aspect ne dévore jamais la personnalité du réalisateur Gavin O'Connor (Le Prix de la loyauté, Warrior), dont on retrouve le goût pour la thématique des liens du sang et la pudeur émotionnelle, laquelle s'accorde à merveille avec un tel sujet. Des qualités auxquelles il convient d'ajouter une maîtrise réjouissante dans des scènes d'action qui regorgent de gunfights fracassants et de bastons homériques où les os craquent comme des branches brisées.
Un peu trop ambitieux pour son propre bien dans sa volonté de densifier un récit qui n'en avait pas forcément besoin, Mr Wolff est donc un « film de super-héros » ultra-violent comme on aimerait en voir plus souvent, où Ben Affleck impose une présence que n'aurait pas renié le Terminator !!!