Mysterious Skin par Kroakkroqgar
Envoûtant et gênant, ‘Mysterious Skin’ est une expérience cinématographique paradoxale et géniale.
En traitant de la pédophilie, Gregg Araki a peut-être trouvé le challenge qui lui permettrait de faire exploser son génie, lui qui est habitué à traiter du plaisir sexuel dans ses films. En effet, le réalisateur parvient à donner une vision marginale de ce traumatisme de l’enfance, qui ne manque pas d’originalité et de pertinence. ‘Mysterious Skin’ oppose deux destins, celui de Brian qui a refoulé les événements, à celui de Neil, décomplexé. Mais tout au long du récit, les cicatrices du passé se font plus nettes, tandis que la distance entre les deux enfants s’effritent jusqu’à un final bouleversant. Jouant du degré de naïveté de ses personnages, à travers une alternance de plans crus et de séquences sensibles, Gregg Araki livre une œuvre ambivalente qui interpelle.
Pour autant, le film repose sur un travail d’ambiance sensationnelle. Dans l’univers meurtri et cruel des deux personnages principaux réside une poésie magnifique. Les souvenirs de Neil sont magnifiés de manière dérangeante, tandis que Brian refoule ses souvenirs en se créant des souvenirs fantasques. Non seulement tous ce qui a trait au viol profite d’une mise en scène magnétique, mais la bande-originale composée par Harold Budd et Robin Guthries constitue à elle seule un chef d’œuvre, nous plongeant dans une ambiance mélancolique et onirique extraordinaire. Enfin, le morceau Samskeyti de Sigur Rós vient apporter la meilleure conclusion imaginable à une œuvre phénoménale.
Une claque.