Hué lors de sa présentation au festival de Cannes 2015, "La forêt des songes", le dernier long-métrage de Gus Van Sant, réapparaît en catimini dans les salles françaises un an plus tard, affublé d'un nouveau titre insipide ("Nos souvenirs"), qui associé à une affiche passe-partout et même plutôt vilaine, constitue une sorte de tue-l'amour cinématographique...
Pour ceux qui auront eu l'audace de dépasser leurs a prioris, "The Sea of Trees" reste un film regardable, en dépit de ses nombreux défauts, qui laissent deviner les raisons de la vindicte cannoise, les festivaliers y auront probablement vu une caricature involontairement parodique de l'œuvre de GVS.
Même si "The Sea of Trees" ne méritait pas un tel mépris à mon avis, il faut reconnaître que le réalisateur américain prête le flanc à la critique, multipliant les maladresses et les outrances, s'appuyant sur une construction narrative bancale (les flashbacks explicatifs alourdissent constamment le récit) et des comédiens en permanence sur le fil du surjeu...
Si Matthew McConaughey parvient à doser sa tendance au cabotinage, Naomi Watts fait plutôt peine à voir, pas aidée par des dialogues et des situations souvent ineptes.
D'autre part, le scénario apparaît prévisible, avec un twist qu'on voit arriver à des kilomètres.
Et pourtant, certaines séquences parviennent à envoûter, à l'instar de cette forêt des suicidés au pied du Mont Fuji, qui existe pour de bon au Japon (mais les prises de vue ont été faites au Massachusetts!), immense territoire fantasmagorique, qui ne manque pas de fasciner, même si la réalisation de Van Sant s'avère sans doute trop léchée, trop "touristique".
Au final, un film très inégal mais pas déplaisant, sorte de conte existentiel à mi-chemin entre le survival et le drame sentimental.