Nosferatu, la première version, est dans mon petit panthéon personnel. Beau, inventif, intemporel et lourd de sens, c’est un film, évidemment simpliste par certains aspects, mais essentiel.
Dès lors, tout remake est forcément déceptif et c’est avec un regard circonspect que j’ai observé, de loin, la genèse de ce remake. Pour autant, j’apprécie ce que j’ai vu d’Eggers, donc la curiosité était la malgré tout.
Pour l’essentiel, l’histoire reprends, parfois au plan près, le Nosferatu originel, comme un hommage. Et, étonnamment, cette partie est plutôt réussie. On perd l’aspect horrifique et expressionniste au profit d’une mise en scène léchée, très gothique, qui rappelle plus Shelley et les sœurs Brönte que l’Allemagne, mais c’est plutôt efficace.
Le film aurait donc pu être beau, et ne rien apporter de nouveau. Ça aurait été un peu vain, mais une belle chose. Cependant, Eggers a souhaité rallonger l’histoire, et mettre en premier plan le rôle féminin, porté par Lily Rose Depp.
Cette partie, à l’inverse, est profondément ratée. Longue, bavarde (alors que le compte est terrifiant car silencieux dans la version d’origine, là il va détailler ses plans comme un méchant de Disney), le film fait alors 35 minutes de trop, et se délaye dans un puritanisme religieux (tout part de la faute de la femme, il n’y a plus vraiment de monstre absolu comme dans un Stephen King). Et c’est bien dommage, gâchant irrémédiablement un ensemble qui aurait pu être bon.
En une phrase, un beau film qui n’apporte pas grand-chose et qui délaye et discute beaucoup trop.