Discrètement adapté du roman Dracula de Bram Stoker, les libertés apportées au scénario ne parvinrent pas à empêcher la veuve Florence Stoker de porter plainte contre cet odieux plagiât allemand. Saloperies de boches. Mme.Stoker va donc gagner et supprimer toutes les copies. Toutes ? Non, car quelques copies protégées par des enfoirés de germains, ont résisté encore et toujours à l'envahisseuse. Et elles réapparaîtront des années plus tard, après la mort de celle-ci. Et après on se plaint que les allemands ont toujours le mauvais rôle...
Considéré comme un modèle de l’expressionnisme allemand, l'oeuvre de Murnau se révèle bien moins expressionniste que son aîné Le Cabinet du Docteur Caligari, qui lui, utilisa des décors studios déformés efficaces. Plus sobrement, c'est en tant que révolutionnaire que Murnau va filmer dans des décors réels, afin de donner de la crédibilité à son récit, et renforcer ce côté démoniaque.
Le film débute pourtant relativement mal, avec ce romantisme à l'eau-de-rose où notre héros Hutter, en cueillant des fleurs pour sa bien-aimée, transpire le bonheur naïf, moral et ridiculement cucul. C'est tellement niais, que ce paroxysme ridicule sera justifié, et renforcera son antipode par la suite.
Car si il y a bien une connotation particulière dans ce film, c'est bien le sexe. Car à travers cet amour immaculé de puceau, Hutter a des couilles comme des citernes, et il a une sacrée envie de lui taper la poire à la belle Ellen. Effectivement, c'est à travers ce voyage digne d'un conte, pour le compte du comte Orlok, que ceci prend tout son sens.
Hutter quitte son monde d'illusions d'émasculés pour une terre de fantômes, pour se confondre avec ses démons. Et si l'on fait le parallèle entre le comte Orlok avec Nosferatu, joué par un même acteur, c'est bel et bien à notre puceau qu'on doit comparer la figure démoniaque par la suite. En effet, avec cette excursion, il va explorer symboliquement son côté sombre, obscur, dominé par une envie de baiser incroyable.
Et c'est quand que Nonos' apparaît que 'Naunau met en avant tout son talent de metteur en scène. Il n'y a qu'à voir les apparitions presque divines du vampire, figure sombre portée par une lumière nacrée, en particulier au château, résidence isolée symbolisant demeure pour souillons déshonorés, pour une séquence à glacer le sang.
Frisson d'autant plus efficace quand la scène est accompagnée par la partition de Hans Erdmann, et sa musique stridente. Mélodie redoutablement efficace mais usée jusqu'à la corde, sur laquelle on a envie de se pendre, tellement qu'elle est mal utilisée. Il n'y a qu'à revoir la première scène de marivaudages entre notre couple, où la musique d'horreur est en action... merde quoi.
La force du film réside bien dans sa tension, avec ses effets visuels cauchemardesques. L'ombre étant le symbole parfait du dédoublement, le réalisateur joue avec à merveille, notamment pour une séquence finale culte où Nosferatu représentant le côté sombre de Hutter, se fond avec le mur pour chasser sa proie. On peut également se remémorer la scène du retour, dans ce bateau où la maladie est mise en avant, où la peste emporte ces marins. Maladie mortelle pouvant être assimilable au fait de coucher sans mariage. Il n'y a qu'à voir le levé du tombeau si caractéristique et impressionnant du vampire, qui peut être comparé comme une putain d'érection matinale d'Hutter qui est pressé de rejoindre sa meuf.
C'est suite à une moitié de film relativement ennuyeuse, que la fin marque de plus belle à l'opposé de la niaiserie du début. En tant que Monsaigneur Nosferatu, Hutter sort de la nuit pour saigner les règles, pour sortir ses belles longues dents blanches afin d'établir une double pénétration dans la gorge de sa bien-aimée.
Malgré quelques longueurs, et une mort bête suite à cet acte humain, dû à ses pulsions, Nosferatu succombe de façon incohérente. Je n'ai rien compris à cette fin, c'est dommage car c'est vraiment bien bon sang, surtout pour les mordus de classiques.