Consternation fut mienne face à la première partie, dans la prison iranienne. L'impression désagréable d'un décalage manifeste et indigeste entre une réalité tragique et d'infructueuses tentatives d'en rire. Mélange malaisé de piques sauce stand-up et d'ambiance à la Vérité si je mens - une mayonnaise qui pour moi ne prit pas du tout et me fit soupirer.
Sans parler du sur-jeu comique des acteurs, qui confine au mauvais jeu tout court. Une légèreté qui cadre mal avec le fond.
On sent la sincérité mais ça ne passe pas.
Puis, plus tard, le périple pour gagner la France et son glorieux parfum de terre d'asile, terre des libertés et des droits de l'homme respectés. L'arrivée au sein du 93, l'engagement de cette famille au coeur du tissu associatif : tout cela fleure bon la bluette téléfilmée mais ce n'est pas désagréable. Un peu trop sucré, un peu trop cliché mais on reste à déguster sans culpabiliser.
La bande de racailles qui deale, miraculeusement remise dans le droit de chemin, les mamas en boubous et hijab au verbe haut, à la gaieté communicative, le folklore social et communautaire, où tout se résoud dans un grand éclat de rire, autour de tables bien garnies : voilà une certaine vision d'un âge d'or humain qui, s'il est idyllique, n'en demeure pas moins plaisant à observer.
J'avoue avoir du mal à saisir l'engouement autour de cette oeuvre - certes tendre, sincère, gentille - mais si désespérément manichéenne et consensuelle qu'elle empêche mon adhésion.
Imaginons un Kechiche au manettes - dans la veine de la Graine et le mulet : voilà qui aurait pu donner une grande et belle oeuvre subtile.
Là ce n'est clairement pas le cas et, même si Nous trois ou rien ne manque pas de faire sourire ou de toucher, il lui manque ce supplément d'âme, assorti de qualités de mise en scène et de profondeurs de scénario nécessaires à la pleine portée de son propos.
Dommage !