Deux critiques écrites à neuf ans d'intervalle, la première peu de temps après sa découverte au cinéma et la seconde en 2022.
Première critique (2013) (5/10) :
Je l'admets : j'ai découvert « Oblivion » dans un tel état de fatigue qu'il est tout à fait possible que je n'ai pas apprécié celui-ci à sa juste valeur. Malgré cela, certaines qualités sautent aux yeux dès les premières minutes : très belle photographie, décors bien exploités (Islande, Terre promise) et un thème plutôt porteur offrant de plaisants moments. Reste que je n'ai jamais vraiment réussi à m'enflammer devant un spectacle convenable, mais manquant trop de passion et de brio (notamment dans les scènes d'action) pour nous emmener aussi loin que souhaité. De bonnes idées viennent toutefois secouer de temps à autre une impression légèrement bancale, le morceau de bravoure finale s'avérant plutôt à la hauteur.
Enfin, au milieu de personnages plutôt stéréotypés, émerge Vika, belle figure romantique magnifiquement interprétée par Andrea Riseborough. Émouvante et complexe, elle offre pratiquement au blockbuster ses meilleurs moments, éclipsant totalement une Olga Kurylenko ravissante mais assez fade. Honorable donc, mais avec plus de rigueur et de rythme, « Oblivion » aurait vraiment pu avoir de la gueule...
Seconde critique (2022) (6/10) :
Étonnant : lorsque j'avais vu « Oblivion » au cinéma, j'étais vraiment passé à côté de tout, lui reconnaissant une certaine puissance visuelle et quelques scènes m'étant restées en tête. C'est finalement en le revoyant à la télé neuf ans plus tard que j'ai pu apprécier l'impressionnante maestria du film sur la forme : c'est proprement splendide. Ces décors incroyables, cette photographie, l'utilisation de la musique : l'immersion est totale, grandiose et j'aurais presque envie d'une ressortie sur grand écran pour l'apprécier cette fois comme il se doit.
Dommage qu'en revanche, niveau fluidité scénaristique et réel potentiel pas franchement exploité, mon opinion n'ait pas du tout changé. S'il y a bien quelques belles idées doublées d'une certaine sensibilité, notamment lorsque le scénario évoque une époque révolue, tout cela reste assez confus sur la réalité de la situation, de qui fait quoi et qui pense faire quoi, ce qui s'est réellement passé, le complot lui-même... Je ne sais pas à quoi ressemblait le roman graphique du même Joseph Kosinski, mais si ce dernier réussit un véritable tour de force visuel, celui-ci semble manifestement plus doué pour la forme que le fond, comme pour « Tron : l'héritage »... et « Top Gun : Maverick ».
La présence magnétique de Tom Cruise (dans une très jolie combinaison) reste un réel atout, ne laissant pas grand-chose aux autres, si ce n'est à la toujours excellente Andrea Riseborough. Frustrant, donc, pour ne pas écrire inabouti. Mais la splendeur d'ensemble, notamment des décors islandais, donne une réelle identité à ce « Oblivion » étrangement plus marquant au revisionnage qu'à la découverte.