Il va vous falloir du souffle si vous voulez suivre Omar à la trace. Courir dans les rues, grimper à des murs, échapper à la police, voilà le quotidien de ce héros pas comme les autres. Se battant pour sa cause, il aime également une femme pour qui il donnerait sa vie. Dans un contexte social et politique difficile, Hany Abu Assad a décidé d'installer un récit de caractère. Mais la question est la suivante : êtes-vous prêts ?
Avec Omar, le réalisateur arrive à trouver un bel équilibre entre thriller efficace et cinéma d'auteur, avec cette volonté de décrire la situation de son pays. Corruption, torture et collaboration sont autant de moyens à l'Etat pour parvenir à ses fins. Mais alors que la paranoïa et les attaques terroristes semblent être le pain quotidien de ces habitants, le palestinien filme un homme qui veut se battre pour sa liberté. Un homme qui n'a pas peur de se faire tirer dessus alors qu'il franchit le mur pour retrouver sa bienaimée. Un homme enfin, qui a des convictions et qui les respectera jusqu'au bout.
La mise en scène du cinéaste est intéressante car elle fonctionne de deux manières. D'abord les gros plans, où l'homme cadre ses personnages de près pour saisir leurs sentiments et leurs états d'âme. Car il ne s'agit pas ici que de violence ou de politique, mais bien d'amour et de confiance donnée à autrui. Hany Abu Assad opère également des plans plus larges car il n'est plus dans la psychologie mais dans le social en installant un paradoxe à l'image. L'arrière-plan est composé d'habitations pauvres et de poussière en guise d'oxygène. Alors qu'au devant de la scène, un immense panneau publicitaire, plein de joie et de couleur, nous saute aux yeux pour créer un contraste.
Dans les dédales de Cisjordanie, notre héros se faufile dans ces rues étroites tel un lynx pour fuir à la répression. La caméra tremble et le suit à la trace pour ne perdre aucune miette du spectacle. Nos nerfs se tendent comme le cœur d'Omar s'accélère au rythme de ces courses-poursuites. Faux-semblants et retournements de situation pimenteront cette œuvre à la fois classique (genre cinématographique déjà beaucoup vu en Occident) et novatrice (volonté pour l'Orient de changer les choses). En somme, un bon moment !