Cela fait longtemps que je n'ai pas ressenti l'envie d'écrire mon ressenti après un film.
Mais là j'ai retrouvé ce qui fait l'essence même du cinéma : l'immersion dans une histoire, l'attention permanente, l'atmosphère si spéciale, ce je ne sais quoi dans le ventre qui fourmille à la fin du film...
Je ne connaissais pas l'histoire précise qui a prévalu à la création de la 1e bombe atomique, ni les dessous de la vie de ce physicien de renom qu'a été J.Robert Oppenheimer. J'ai donc d'abord appris beaucoup de choses, me remémorant mes cours de fac de physique avec les noms de tous ces grands physiciens rencontrés dans mes livres de cours : Bohr, Heisenberg, Fermi, et bien sûr Einstein. Puis j'ai été confronté à la réalité de la "chasse aux sorcières" que tous les étudiants ont connu dans leurs livres d'histoire sous l'impulsion du Maccarthysme, rendant les dirigeants américains obnubilés par le communisme.
Et il y a le génie de Nolan : j'ai en grande partie adoré tous les films de ce réalisateur hors norme, mais là, j'ai passé 3h en immersion sans voir le temps passer. Le montage et ses va-et-vient entre les époques et entre les "procès"
(géniale utilisation anachronique du noir et blanc)
nous maintiennent en haleine. Un peu perdus parfois, dans l'attente d'une réponse qui n'arrivera que plus tard, le spectateur que j'étais a été happé.
La musique (découverte d'un nouveau compositeur en la personne de Ludwig Goransson) est un personnage à part entière, omniprésente, envoutante, étouffante parfois, magnifiant le méli-mélo moral qui agite les neurones se demandant si ces scientifiques sont à encenser pour avoir réussi à maîtriser l'énergie atomique, ou à abhorrer en tant que Prométhées modernes.
Le seul moment sans musique et sans bruit est cependant le plus puissant du film.
Alors merci M. Nolan pour vos oeuvres qui remuent, chapeau bas au travail d'acteur de Cillian Murphy, (en qui je n'ai jamais vu Thomas Shelby), mention spéciale à Robert Downey Jr dans un rôle à contre-emploi de ses rôles habituels.