Cela reste un immense mystère pour moi : j'avais commencé « Orange Mécanique » il y a plusieurs années et ne l'avais jamais terminé, me décidant à le voir enfin au complet il y a seulement quelques jours. De ce point de vue, il s'agit en quelque sorte de ma 7000ème critique « bis » et je m'en réjouis. Ce film, c'est le cinéma à l'état pur. Je pourrais quasiment vous parler de chaque scène, chaque plan, l'étourdissante maîtrise et créativité de Stanley Kubrick en devenant presque enivrante, que ce soit par ce fabuleux sens du détail, ce discours corrosif, cette réflexion captivante sur la société, sa jeunesse, cet anti-héros à la fois si odieux et fascinant, ces hallucinantes images mentales...
Si j'excepte la courte partie carcérale (et encore, elle est indispensable), tout est absolument génial et dérangeant, jusque dans la singularité des dialogues, presque « carrollien » (Lewis), sans oublier, bien sûr, l'exceptionnelle utilisation de la musique et des grandioses compositions de Ludwig van Beethoven, dont certaines retouchées avec maestria par Wendy Carlos (celle de l' « Ode à la joie » est particulièrement fabuleuse).
Sincèrement, je pourrais écrire des heures sur le sujet toujours avec la même passion, mais j'ai l'impression que tout a tellement été dit sur cette onde sismique portée par un exceptionnel Malcolm McDowell, maître Kubrick s'offrant le luxe de conclure par un sidérant plan final, sans oublier ce fabuleux pied de nez consistant à terminer par
la plus douce, mélodieuse et romantique des chansons (« Singin' in the Rain »)
une œuvre aussi provocatrice et subversive : magistral.