D'Ari Folman, comme beaucoup, j'avais aimé « Valse avec Bachir » et, à un degré moindre, « La Congrès », moins facile d'accès. C'était donc avec un a priori favorable que je me suis rendu en salles voir l'adaptation de sa bande-dessinée, renouvelant de façon originale ce sujet très sensible qu'est Anne Frank. Et l'aborder sous un angle contemporain, à travers son amie imaginaire qui prendrait vie en 2021 et cherchant ce que celle-ci est devenue, je trouvais ça vraiment séduisant, et d'ailleurs ce fut le cas à plusieurs reprises.
D'abord par l'extrême délicatesse du dessin et de l'animation, douce, fluide, se distinguant clairement du tout-venant, tout en offrant certaines séquences beaucoup plus oppressantes mais tout aussi réussies lorsqu'il s'agit de représenter le « Mal absolu », de façon plus sobre et subtile qu'on aurait pu le craindre.
Ce personnage de Kitty est assez attachant, plutôt bien écrit, cherchant sa voie entre années 40 et époque moderne, sans avoir toutes les cartes en main pour comprendre la situation dans laquelle elle se trouve. L'occasion, également, de proposer une critique pertinente et intéressant contre la « Anne Frank'sploitation », presque devenue un objet de mode où la dimension historique et de martyr passe presque au second plan.
Dommage que Folman commette l'énorme maladresse en fin de récit de se lancer dans un comparatif plus que douteux entre migrants mal accueillis et victimes de la barbarie nazie : que le traitement des premiers dans certains pays soit inhumain, je peux l'entendre. De là à le comparer avec l'un des plus terribles génocides jamais engendrés, je trouve ça plus que limite, voire franchement déplacé.
Reste un dessin animé original, personnel, offrant de belles séquences et de vraies sources de réflexion au public qui se laissera tenter. C'eut été encore mieux de le faire avec plus de tact sur certains sujets et en ne dérivant pas trop de la séduisante proposition initiale.