Sur un scénario du blacklisté Dalton Trumbo scénariste du Spartacus de Kubrick et réalisateur de Johnny Got His Gun, Papillon narre le calvaire infligé aux bagnards de l'île du Diable par un système pénitentiaire qui relègue l'homme à l'état d'animal.
L'inoubliable duo Steve McQueen/Dustin Hoffman fonctionne parfaitement. Le dur à cuire dans la peau duquel un McQueen hallucinant de réalisme marquera son empreinte, et un Dustin Hoffman affublé d'épaisses lunettes avec son air naïf, la victime parfaite, donneront une incroyable épaisseur à ce film dur et sans concession.
La réalisation de Franklin J. Schaffner (La planète des singes, Ces garçons qui venaient du Brésil) est percutante de réalisme et emprunte d'authenticité, elle ne se contente pas de suivre le récit, et se permet quelques effets de style du meilleur acabit. Visuellement c'est très beau, les splendides paysages impeccablement photographiés.
Rarement une œuvre cinématographique ne sera parvenue à mettre en évidence la mise en abîme des sentiments d'enfermement et n'aura aussi bien montré la capacité à supporter la douleur et les pires sévices d'un homme pour continuer à vivre simplement avec l'espoir d'un jour retrouver la liberté.
Steve McQueen réalise une véritable prouesse lors de la longue scène du mitard, ou il endosse la carapace de la bête traquée, être humilié tentant de garder la tête froide face à ses bourreaux. La performance d'acteur est tout simplement époustouflante, tant il entre dans la peau de son personnage, allant jusqu’à changer physiquement quand il commence lentement à sombrer dans une folie de circonstance. Il sera définitivement LE bagnard le plus convaincant de l'histoire du cinéma.
La splendide partition de Jerry Goldsmith ajoute une note mélancolique à cette œuvre essentielle qui n'a pas pris une ride.