Dans l'interminable série des classiques d'animation Disney à faire les frais aujourd'hui de la frénésie pseudo-progressiste néfaste du studio, à base de remakes et autres spin-offs live action, je demande Peter Pan.
Alors, je commence par énumérer quelques défauts présents, récurrents à notre époque, qui reviennent beaucoup trop fréquemment :
Non, pour un personnage féminin (même pour un personnage tout court, c'est valable pour tout le monde, mais ce problème est lié spécifiquement à la manière dont sont traitées beaucoup trop de représentantes du "beau sexe" dans la fiction !)... bref, non, pour un personnage féminin, le fait de le montrer constamment vénère ne le rend pas fort. Au contraire, quelqu'un qui n'est jamais capable de maîtriser ses émotions, dans toutes les circonstances, est faible. Et cela renforce le stéréotype machiste de la femme qui n'arrive pas à se contrôler, l'air de rien. En outre, pour l'attachement que le spectateur pourrait ressentir pour la principale concernée, on repassera. Oui, sérieux, vous arrivez à vous attacher à un être sans arrêt désagréable ? Moi, non ! Et oui, j'ai Wendy en tête quand j'écris ce paragraphe et comme celle-ci est, vous vous en doutez, la protagoniste, elle est présente tout au long du film, donc elle a énormément d'importance pour ce qui est de la qualité globale de l'œuvre. Ouais, autant dire que c'est ultra-mal barré.
Même si ce défaut est partiellement contrebalancé par celui de Lily la Tigresse (oui, je me dois d'être le plus juste possible !), il semblerait qu'un personnage féminin ne parvienne pas à s'en sortir grâce à ses propres capacités physiques ou intellectuelles. Non, pour ça, il faut qu'il soit en possession de pouvoirs magiques. Oui, encore Wendy... oui, c'est ultra-ultra-mal barré.
Tiens à propos de Lily la Tigresse, Disney aime s'afficher progressiste, inclusif et tout le barda (il y aurait de quoi écrire un bouquin de mille pages pour souligner combien ce studio est hypocrite à mort sur ce sujet, mais passons… !)... OK, même si ce n'est pas fait pour de bonnes raisons, scénaristiquement, ce n'est pas gênant, car c'est très cohérent avec la thématique des enfants perdus (il y en a partout sur le globe !), vivant dans un lieu magique. Par contre, quand Lily la Tigresse refuse de vivre avec les "garçons perdus" parce que "ce n'est pas son monde", ça ne contredirait pas un chouia le discours sur l'inclusivité ?
Et pour la Fée Clochette, c'est très bien Disney d'embaucher une actrice noire pour la jouer, pour souligner combien les employés et artistes y sont trop progressistes, etc. Mais excepté pour un deus ex machina (sur lequel, je ne vais pas m'étendre pour ne pas spoiler, mais qui est lié à deux autres défauts mentionnés dans ma liste !), cette silhouette, si essentielle pourtant dans l'univers de Neverland, ne sert à rien. Je veux dire que si ce personnage n'avait pas été inclus dans le tout, à part pour le deus ex machina, il n'y aurait eu aucune modification conséquente dans le déroulement du récit. La boîte de production a juste pour objectif de remplir un quota, pas de donner un rôle consistant à une artiste pour qu'elle puisse exprimer son talent. C'est minable. Et j'avais remarqué cela aussi dans l'abominable étron Pinocchio, signé Zemeckis. Elle récidive.
Le groupe d'enfants s'appelle "the Lost Boys". Parce qu'il n'y a que des garçons ?... Ben non, il y a aussi des filles, mais c'est quand même les "Lost Boys"... oui, mais il y a des filles, donc à la place "the Lost Children" serait plus logique comme nom... non, car ce sont des garçons... oui, mais il y a aussi des filles... oui, mais ce sont des garçons... mais il y a aussi des filles... oui, mais ce sont des garçons... mais il y a aussi des filles... ferme ta gueule, je te dis que ce sont des garçons et que si tu dis que des filles sont des filles et non pas des garçons, ben, tu es un crypto-fasciste misogyne, raciste et anti-LGBT qui votera Hitler aux prochaines élections...
Et putain de bordel de merde, arrêtez de tuer les personnages si c'est pour qu'ils survivent à chaque fois.
Bon, bon... ce qui m'attriste aussi, c'est que ce soit David Lowery à être aux commandes de la bouse. Je n'avais visionné jusqu'ici de lui que The Green Knight. Mais ça m'avait suffi pour comprendre que c'est un mec doué, avec de l'ambition, doté d'une patte personnelle et non un yes-man de dixième zone. Après, Disney ne lui a pas foutu un pistolet sur la tempe pour signer, il a plutôt sorti un joli chèque.
Autrement, les fonds verts sont dégueux. Les couleurs tirent vers le glauque. Ce qui aurait convenu à une adaptation pleinement horrifique, sombre de l'histoire de Barrie, mais comme on est chez Disney... ouais, bon, si ça avait été cela qui avait été le moins logique... Les scènes d'action sont d'une mollesse effroyable. En effet, lors de ces dernières, les antagonistes ont la gentillesse de se laisser battre alors qu'ils ont dix mille fois la possibilité de zigouiller leurs adversaires. Les décors sont pauvres, car l'intrigue est censée en grande partie se dérouler dans un endroit magique, mais rien ne différencie Neverland d'une île moyenne de notre réalité. Et la première heure se contente péniblement de pomper le dessin animé de 1953, mais, attention, avec un gros supplément "conneries" à base de tout ce que j'ai énuméré.
Oui, il faut bien formater les cerveaux, dès le plus jeune âge, pour les rendre cons.
Une fois la première heure passée, le film ose proposer quelque chose de nouveau. En effet, il y a bien un truc pas inintéressant à être esquissé sur les relations entre Peter Pan et le Capitaine Crochet qui atténue le manichéisme. Dans le cadre d'un long-métrage intelligemment écrit, ça aurait pu déchirer. Mais c'est noyé dans la fosse à purin ambiante.
Pour finir, point de vue distribution, seul Jude Law, dans la peau d'un Crochet ambivalent (oui, dans le cadre d'un long-métrage intelligemment... ouais, bref, vous avez compris !), réussit à se distinguer. Les autres sont trop fades, comme c'est le cas pour celui qui incarne Peter Pan (ouais, pas un rôle négligeable dans un film s'intitulant Peter Pan & Wendy... tiens, elle n'a pas de nom de famille, Wendy ?), ou alors ont des personnages trop peu creusés pour se faire remarquer.
Pour l'écriture, pour la forme, pour le fond, allez, je tire la chasse. Ma facture d'eau va sacrément augmenter avec Disney.