Petite Fille
7.6
Petite Fille

Documentaire de Sébastien Lifshitz (2020)

Une fille au masculin, un garçon au féminin

Je vais mettre les pieds dans le plat, car ce film m'a profondément irrité.
Je l'ai en effet trouvé malhonnête dans son refus de montrer autre chose que l'avis forcément biaisé de la famille de Sasha.
Il me semble qu'on a toujours que les déclarations des parents pour ''prouver'' la méchanceté et le rejet de l'institution scolaire ou de la 2ème prof de danse. Jamais ces ''méchants'' ne nous sont montrés, n'ont droit à la parole, ce qui nous permettrait éventuellement de juger de leur hostilité, réelle et abjecte, ou exagérée et fantasmée par une seule des parties.
De même, on nous montre une réunion avec des parents d'élèves et d'autres intervenants, sans qu' on sache ni qui ils sont, ni comment ils ont réagi lors de cette ''convocation''. Aucun intervenant extérieur à la famille restreinte (et à une seule psy) n'a droit à la parole dans ce film.


Si l'on y ajoute la profonde malhonnêteté de ne nous montrer que la famille, et essentiellement la mère, qu'on voit presque plus que Sasha, et qu'on entend infiniment plus ( ce qui peut se comprendre, vu l'âge de la gamine ) j'ai parfois plus eu l'impression désagréable d'assister à une psychanalyse de cette femme (le '' c'est vrai que je souhaitais avoir une fille'' m'a un peu interrogé voire effrayé.) que de comprendre ce qui pouvait être en jeu pour la gamine.


Et si la pédopsychiatre dédouane très vite la mère, (en substance : ''çà n'est pas votre faute'' lors d'une 1ère réunion) , j'aurais voulu savoir si l'attitude des parents (ceux là ou d'autres dans la même situation) ne peut pas influencer un enfant si jeune. Un autre son de cloche médical eût été bienvenu en la matière.
De même, je me suis demandé s'il était normal que la 1ère rencontre entre un médecin et sa petite patiente se déroule sous l'oeil indiscret d'une caméra, et si cette présence n'est pas par trop intrusive et ne bouleverse pas les données du problème.


Un dernier point enfin : la trop grande prégnance des émotions (notamment de la mère, qui pleure souvent et fait beaucoup pleurer sa fille) nuit à la force du film, qui cherche plus à nous émouvoir qu'à nous faire comprendre les enjeux et les mécanismes relationnels.
On m'objectera que c'est un problème humain, et qu'il est donc bon de l'aborder avec humanité et sensibilité.
Certes, encore ne faudrait-il ne pas confondre sensibilité et sensiblerie, et que l'émotion exacerbée ne remplace pas un nécessaire recul dont on peut comprendre l'absence pour les membres de la famille, mais qui pourrait être l'apanage des spectateurs (et peut-être un peu aussi, accessoirement, du réalisateur).
PS: petit point après 2 mois depuis la parution de cette petite critique 480 vues, 14 j'aime, 11 j'aime pas. C'est vraiment un sujet clivant, et j'ai peur de savoir pourquoi....

Melenkurion
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le 4 déc. 2020

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