Pas revu depuis vingt-deux ans, « Peur primale » est le genre de films valant en grande partie pour son rebondissement final : du coup, si vous le connaissez, l'intérêt est nettement moins important, d'autant que ce polar m'a paru moins maîtrisé que la première fois. Je ne conteste pas le savoir-faire de Gregory Hoblit, auteur d'un travail d'artisan solide, maîtrisant son visuel et ne cherchant pas à en faire trop niveau effets racoleurs ou musique omniprésente. L'ensemble se regarde correctement, sans réel ennui, bien que l'on puisse s'étonner d'une durée excessive au vu de ce que le scénario a réellement à raconter.


Certes, les quelques idées au cœur de l'intrigue sont assez fortes, permettant de maintenir l'intérêt jusqu'au bout. Mais il il y a quand même beaucoup de sous-intrigues menant un peu nulle part, mal exploitées ou n'allant jamais jusqu'au bout


(celle concernant l'Archevêque Rushman et le procureur Shaughnessy en premier lieu).


C'est un peu bancal, ne prenant pas le meilleur concernant les différentes questions soulevées, telles les notions de justice ou de vérité, l'ambiguïté du héros n'étant, elle non plus, pas assez développée pour rendre cette histoire vraiment troublante, sans parler de certaines grosses incohérences


(la manière dont est menée l'expertise psychiatrique de l'accusé m'a paru d'une incompétence assez indescriptible).


Reste la confirmation de l'efficacité hollywoodienne pour mener à bien les scènes de procès et une assez bonne prestation d'ensemble, à l'image de Richard Gere dans un registre qui aurait, donc, toutefois gagné à être beaucoup plus complexe (en revanche, Laura Linney s'avère assez fade), les différents seconds rôles faisant globalement bien le job, mais la vraie révélation vient évidemment d'Edward Norton, alors débutant et faisant preuve d'une présence, d'un talent « caméléon » impressionnant au point de voler la vedette à absolument tout le monde : un très grand espoir était né, ce qu'il confirmera malgré une carrière légèrement décevante. Impression mitigée pour un joli potentiel trop partiellement exploité.

Caine78
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films avec Richard Gere

Créée

le 19 oct. 2017

Critique lue 590 fois

5 j'aime

Caine78

Écrit par

Critique lue 590 fois

5

D'autres avis sur Peur primale

Peur primale
cinemusic
7

Meurtre pour moeurs pas catholique...!

Martin Vail (Richard Gere), brillant avocat, décide de défendre Aaron Stampler (Edward Norton), jeune homme bègue accusé du meurtre de l'archevêque Rushman, éminente personnalité de la...

le 30 sept. 2021

17 j'aime

6

Peur primale
claucloc
3

Pourquoi ce titre, aucune idée, c'est même pas une mauvaise traduction. Pour le reste...

Le sujet : le métier d'avocat pénaliste aux Etats-Unis d'Amérique. Spoil : c'est pas facile tous les jours. La forme : petit bras. Filmé comme une série TV, mais celle des années 90. Mention...

le 7 mai 2019

10 j'aime

3

Peur primale
ludovic-50
9

Talents bien cachés

On dit souvent que les films judiciaires et huit-clos donnent lieu à des œuvres marquantes je pense notamment à 12 hommes en colères, La vérité, Philadelphia ou encore Des hommes d'honneur. Pour Peur...

le 8 mai 2018

9 j'aime

7

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

25 j'aime