Brian de Palma ne perd pas son temps avec ‘Phantom of the Paradise’ : quelques mots pour présenter le personnage de Swan et l’intrigue est lancée. En quelques courtes scènes, on passe de l’audition de Winslow Leach à son arrestation, en passant par le vol de sa composition. De ce fait, le scénario apparaît clairement expéditif, à l’image des quelques plans accélérés. Au moins, le film a le mérite d’épargner l’ennui au spectateur.

Mais le véritable problème de l’oeuvre vient de l’impression bordélique crée par un mélange improbable d’influences. Le mythe de Faust et le Fantôme de l’Opéra s’y voient confrontés à une vision extrémiste du showbiz, mais le résultat est à la fois indigeste et fade. Et ce constat s’applique en général. Winslow Leach est un personnage principal finalement très peu sympathique, ni vraiment pathétique, ni vraiment ridicule. De même, sa romance naissante avec Phoenix est transparente, et la jeune femme aurait par ailleurs méritée d’être mieux mise en valeur, puisqu’on s’étonnera même de l’ovation qu’elle reçoit à la fin de son concert. Le scénario finit même pas perdre toute crédibilité, et souffre même d’effets spéciaux dépassés.

Quant à la bande-originale, elle n’est pas complètement satisfaisante. Le morceau d’ouverture est proprement tubesque, les compositions de Winslow ne sont pas forcément inintéressantes, mais le concert au Paradise se révèlera presque déplaisant. On aurait pu apprécier la mise en scènes des différents spectacles, mais le kitsch excessif de l’ensemble rend les shows pénibles.

Heureusement, quelques passages vraiment intéressants parviennent à percer. En particulier, la scène où Winslow Leach joue en studio tandis que Swan modifie sa voix est formidable. Plus succinct, on s’étonnera agréablement de la course dynamique de Winslow dans un couloir. Finalement, la scène la plus forte du film représente aussi un sommet de perversité : ruiné physiquement, ses compositions volées par Swan, Winslow épie, impuissant, son ennemi qui savoure sa victoire dans les bras de Phoenix.

Un fouilli loufoque et dispensable.
Kroakkroqgar
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le 2 août 2013

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Kroakkroqgar

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